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paré par M. Dupuy de Lôme, pour la construction d’un nouveau type de bâtiment cuirassé porteur de bouches à feu de très-gros calibre.

Le Marengo (fig. 397) nous offre le spécimen de ces nouveaux vaisseaux cuirassés pourvus d’une artillerie de gros calibre, et armés d’un vigoureux éperon. Ses dimensions sont à peu près celles du Solferino, dont il importait de conserver les belles qualités nautiques.

Voici les dimensions du Marengo, sur le plan duquel on a construit ensuite l’Océan et le Friedland.

Longueur 
87m,75
Largeur 
17m,40
Tirant d’eau moyen 
8m,00
Déplacement 
7 172 tonneaux
Épaisseur des plaques, 0m,15, 0m,18 et même 
0m,20

Le Marengo porte 12 bouches à feu : 8 en batterie (batterie haute) et 4 sur le gaillard, montées sur plaques tournantes dans des tourelles.

Le poids énorme des nouvelles bouches à feu a conduit à réduire leur nombre, à les disposer de manière à leur assurer pourtant en somme le plus large champ de tir, et à augmenter, en conséquence, l’étendue du cuirassement.

L’armement comprend 12 pièces de gros calibre, dont 4 sur le pont des gaillards et 8 en batterie sous ce même pont, la batterie basse du Solferino ne remplissant plus dans le Marengo qu’un rôle de faux pont.

En raison de la hauteur qu’elles occupent, les pièces de la batterie sont dans d’excellentes conditions de tir. Elles se trouvent comprises dans un fort central, dont les murailles, formées par celles du navire et par deux cloisons transversales, sont entièrement cuirassées. En dehors de ce fort central, la cuirasse couvre une zone qui, régnant sur toute la longueur du navire, s’étend en dessus et en dessous de la flottaison, sur la hauteur jugée nécessaire. Au-dessus de cette zone les extrémités avant et arrière, non cuirassées et destinées, comme dans le Solferino, à être évacuées en cas de combat, sont construites en fer, et par conséquent, sont à l’abri des chances d’incendie que les murailles en bois ont à redouter, par l’action des obus.

Quant aux quatre pièces d’artillerie des gaillards, chacune est montée sur une plaque tournante, dans une tourelle, ou réduit cylindrique, qui s’élève sur les flancs du navire. Leur champ de tir est ainsi d’une très-grande amplitude, aussi bien en hauteur qu’en retraite ou en chasse, et elles laissent le pont entièrement libre pour la manœuvre.

Les bâtiments cuirassés des types Flandre, Solferino et Marengo, remplissent, dans notre flotte moderne, le rôle qu’y jouaient les anciens vaisseaux de ligne. On pourrait les appeler, en adaptant à leur usage une vieille désignation, cuirassés de premier rang. Mais il fallait en outre à la marine française (et le programme de 1857 le mentionnait), des corvettes pour les opérations lointaines, et il était à désirer qu’elles fussent cuirassées. C’est dans cet ordre d’idées que M. Dupuy de Lôme dressa le plan de corvettes cuirassées de 450 chevaux, dont la première, la Belliqueuse, mise en chantier en 1863, a déjà doublé le cap Horn, et porté le pavillon français dans l’océan Pacifique.

Le plan de la Belliqueuse a été modifié en raison de l’artillerie nouvelle, et la corvette l’Alma nous offre aujourd’hui le spécimen des bâtiments de cette espèce appelés à jouer un rôle analogue à celui des frégates de l’ancienne flotte à voiles, et qu’on pourrait appeler dès lors : cuirassés de deuxième rang.

Voici les dimensions de la corvette l’Alma, sur le plan de laquelle ont été construites l’Atalante, la Jeanne d’Arc, la Reine Blanche, la Thétis, l’Armide, l’Indienne, etc. :

Longueur 
70m,10
Largeur 
14m,00
Tirant d’eau moyen 
5m,96
Déplacement 
3 400 tonneaux