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ries flottantes pourvues de machines à vapeur de la force de 150 chevaux, déplaçant 1 335 tonneaux, furent, à l’origine, armées chacune de 14 bouches à feu.

En 1861 et 1862, d’autres batteries flottantes furent mises à l’eau. D’un moindre déplacement que les précédentes, ces dernières s’en distinguent par leur grande largeur comparée à leur longueur, et la plus grande hauteur que les canons occupent au-dessus de l’eau. Ainsi les batteries flottantes du type Arrogante ont 1 280 tonneaux de déplacement, et une largeur de 14m,16 pour une longueur de 44 mètres. Celles du type Embuscade, qui ont 2 mètres de hauteur de batteries, déplacent seulement 1 240 tonneaux au tirant d’eau de 2m,85 et avec une longueur de 39m,50, leur largeur est de 15m,80, un peu plus de la moitié de la longueur et près de six fois le tirant d’eau des premières batteries. Ces proportions, tout à fait inusitées, constituaient des innovations hardies, que l’expérience a pleinement justifiées. En effet, ces batteries tiennent parfaitement la mer et n’ont que des mouvements de roulis très-doux.

La figure 396 (page 537) représente l’Arrogante.

En 1859, à l’instigation de l’Empereur, on construisit pour les besoins de la guerre d’Italie, des batteries flottantes cuirassées démontables destinées au service des rivières et des lacs. Elles se composent de parties distinctes, susceptibles d’être réunies entre elles par des boulons. Une bande de caoutchouc interposée entre ces parties amenées au contact, assure l’étancheté du joint. La machine à vapeur est montée dans une de ces parties, la chaudière dans une autre. Toutes ces tranches, après avoir été placées dans des caisses, purent s’expédier en Italie par le chemin de fer. L’expérience a prouvé qu’en moins de trois jours, les caisses pouvaient être ouvertes, et le navire monté et prêt à naviguer sur les lacs et les rivières. La paix de Villafranca rendit inutiles ces petites batteries.

C’est dans le même système de construction, c’est-à-dire en parties démontables, qu’avaient été faites les petites canonnières qui furent expédiées en Chine, et qui contribuèrent à l’expédition française contre Pékin. Nous n’avons rien à dire de ces canonnières, parce qu’elles n’étaient pas cuirassées comme celles qui étaient destinées à l’expédition d’Italie. Les unes et les autres attendent, emballées dans des caisses, le moment d’être mises à profit.


CHAPITRE V

nouveaux types de bâtiments cuirassés : la flandre et l’héroïne. — le marengo. — les corvettes la belliqueuse et l’alma. — les garde-côtes le taureau et le bélier.

Le travail accompli par la marine française pour la constitution de notre flotte cuirassée, était déjà considérable. Mais on ne devait pas se borner à ces types de première création. On voulut les perfectionner, en mettant à profit, dans les moindres dispositions de détails, d’aménagement et d’arrimage, les observations pratiques qui avaient été faites durant leurs essais de navigation. On devait surtout se préoccuper de mettre en harmonie, dans les nouvelles constructions à entreprendre, les qualités protectrices, c’est-à-dire le cuirassement ainsi que l’armement, avec les progrès récents de l’artillerie de marine.

Au plan primitif de la Gloire, M. Dupuy de Lôme en substitua donc un autre. Par décision de l’Empereur, qui avait étudié cette première frégate pendant son voyage en Algérie, et conformément à sa lettre, datée de Saint-Cloud, le 1er novembre 1860, la hauteur de batterie du nouveau type fut portée à 2m,25. La grande stabilité que l’on avait reconnue à la Gloire, permettait cette modification, dont la conséquence était d’accroître le poids des parties hautes du bâtiment. La puissance de la machine à vapeur fut élevée à 900 chevaux nominaux (3 600 chevaux-vapeur effec-