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Fig. 395. — Le vaisseau cuirassé le Solferino, construit en 1859.


l’apparition des navires cuirassés dans les marines étrangères, poursuivons notre historique, en relatant les premiers essais des bâtiments-types que nous venons de voir naître en France.

Le succès nautique de la Gloire fut complet. Une circonstance mémorable permit à cette frégate de se révéler avec éclat. Au mois de septembre 1860, pendant le voyage de l’Empereur et de l’Impératrice en Algérie, le yacht impérial l’Aigle comptait la Gloire dans son escorte. Un coup de vent violent vint à s’élever subitement, et l’escorte fut dispersée. La Gloire demeura seule, et continua de naviguer de conserve avec l’Aigle. On lit ce qui suit dans le récit qui a été publié du voyage impérial :

« La flottille impériale eut beaucoup à souffrir dans la traversée ; elle fut dispersée par suite d’une tempête. La Gloire seule put suivre l’Aigle. Leurs Majestés débarquèrent à Port-Vendres pour éviter la traversée du golfe de Lyon ; malgré la grosse mer et le violent coup de vent essuyé par l’Aigle, la traversée se fît sans aucun accident. »

Voilà le point où nous en étions, en France, avec la marine cuirassée, à une époque où la frégate cuirassée anglaise le Warrior était encore sur chantier. (Le Warrior fut mis à l’eau le 29 novembre 1860.) Quant aux Américains, ils n’ont construit leur premier Monitor qu’en 1861, pour les besoins de la guerre de sécession.

La Gloire continua de poursuivre le cours de ses essais, tant à la voile qu’à la vapeur. Il fallait apprécier les aptitudes de ce navire en lui-même. On dut également expérimenter son artillerie. Le 6 juin 1861, en rade d’Hyères, la Gloire, en présence du prince Napoléon, fit, sous vapeur, un tir à boulet contre un but flottant, au moment où la vio-