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CHAPITRE V.

le fusil chassepot. — ses effets. — transformation de nos anciens fusils en fusils à tabatière.

La campagne de Bohême et les victoires de la Prusse sur le champ de bataille de Sadowa, en 1866, montrèrent, avec une foudroyante évidence, les mérites du fusil prussien. À la suite de ces événements, et en présence de ces résultats, les nations de l’Europe qui avaient laissé passer, sans trop d’attention, le fusil à aiguille, ont dû revenir de leur indifférence, et adopter l’arme nouvelle. En France, comme ailleurs, on s’est empressé de remplacer les anciens fusils à piston par le fusil à aiguille. Seulement, le fusil prussien était passible de divers reproches. Une commission formée au Ministère de la guerre, étudia, en 1866, les modifications qui pourraient être apportées à ce système, et, de ses études, vint l’adoption d’un modèle irréprochable de fusil à aiguille, proposé par M. Chassepot.

C’est ce fusil, désigné officiellement sous la rubrique d’arme modèle 1866, que nous allons décrire. Les détails qui précèdent, et qui renferment l’exposé des principes de la construction du fusil prussien, nous permettront de beaucoup abréger la description de la nouvelle arme française.

Les pièces qui composent le fusil Chassepot sont plus simples et moins délicates que celles du fusil prussien. Le chien est de dimensions suffisantes. Il offre une grande prise, par suite de la rugosité de la surface qui le termine. De plus, afin que dans l’armement du chien, cette pièce ne vienne pas à être forcée par la pression exercée, on l’a munie d’une roulette, pour faciliter le glissement. En tirant le chien, auquel tient une partie de la gaine, contenant le ressort de l’aiguille, le fusil est armé.

Pour ouvrir la chambre, on tire la culasse, au moyen de la poignée ; on place la cartouche, dans la cavité qui doit la recevoir, devant un disque d’acier d’un rayon moindre que celui de la chambre. Au-dessous de ce disque, se trouve un petit cylindre en caoutchouc, remplissant exactement le diamètre de la chambre. Ce cylindre est plus galvanisé sur les bords qu’au milieu, de telle sorte que, sous l’influence de la pression des gaz, la partie centrale du caoutchouc cède et empêche la sortie des vapeurs par les jointures de la culasse mobile avec le canon. Le recul est médiocre.

Fig. 372. — Chassepot.

Pour fermer l’arme, on repousse la poignée à sa première place, puis on la rabat sur le côté.

Le premier de ces mouvements enfonce la cartouche dans le canon ; le second immobilise la culasse en plaçant une partie saillante de la poignée, dans une encoche.

En tirant la gâchette, la détente débande le ressort de l’aiguille qui frappe la capsule fulminante, et le chien est ramené, après le coup de feu, à sa première position.