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t, qui se voit au-dessus, sert à retirer le culot et le corps de la cartouche, quand le coup est parti.

Le système Manceaux et Vieillard a pour culasse mobile un cylindre creux, aux extrémités duquel sont fixés, d’un côté, l’appareil obturateur, et, de l’autre, une poignée à l’aide de laquelle on peut démasquer l’entrée du canon.

Dans le fusil à aiguille, ou fusil rayé prussien, inventé par l’armurier Dreyse en 1827, l’inflammation de la charge est produite par une aiguille, qui traverse la cartouche, pour aller frapper une petite pastille de poudre fulminante, placée au haut de la cartouche. C’est de là que vient le nom de fusil à aiguille (zündnadelgewehr, de zünden, allumer ; nadel, aiguille ; et gewehr, arme) donné à cette arme. Le canon est joint à l’extrémité antérieure d’une forte douille, dans laquelle peut glisser la culasse mobile munie d’une forte poignée qui passe à travers une ouverture de la douille, disposée comme l’entaille de la douille d’une baïonnette. Cette poignée permet de porter la culasse en arrière, afin de démasquer le tonnerre. On introduit alors la cartouche dans l’extrémité postérieure du canon, et on referme ensuite, en poussant la poignée en avant. Par ce mouvement, la culasse mobile vient s’appliquer contre la chambre fraisée de l’arrière du canon, dans laquelle se place la cartouche. La poignée étant ensuite tournée dans l’entaille, de gauche à droite, la culasse se trouve parfaitement serrée contre le canon.

La culasse renferme le mécanisme destiné à produire l’inflammation de la charge. L’organe principal de ce mécanisme est l’aiguille, formée d’un fil d’acier de 2 millimètres d’épaisseur, et se terminant en pointe, à l’extrémité qui doit frapper la composition fulminante. L’aiguille est fixée à l’extrémité d’un petit cylindre, autour duquel s’enroule un ressort à boudin, qui, en se débandant, lance l’aiguille contre l’amorce fulminante.

Ainsi l’aiguille est lancée à peu près comme les petits projectiles que l’on place dans les fusils d’enfant, et qui sont chassés par un ressort à boudin, d’abord fortement tendu, puis abandonné.

Voici maintenant comment le soldat charge le fusil à aiguille.

Il croise la baïonnette et tient le fusil de la main gauche, en appuyant la crosse au côté droit de son corps. En tirant, par un léger mouvement du pouce, un talon qui fait saillie à l’extrémité postérieure de la culasse, il tend le ressort de l’aiguille. Ensuite il frappe un petit coup sec du creux de la main droite, contre la clef en fer, dans la direction de droite à gauche, de manière à la porter à gauche dans l’entaille extérieure ; il saisit ensuite cette clef et la tire en arrière. Le canon s’ouvre alors, sur une longueur de 0m,05 à 0m,06. Le soldat dépose sa cartouche dans cette cavité, la pousse dans l’extrémité inférieure du canon, qui est légèrement évidée pour la recevoir, et referme son arme, en poussant la clef d’abord en avant, puis de gauche à droite, par un second coup sec, frappé avec le creux de la main, pour bien consolider le tout.

Le fusil est ainsi chargé et la cartouche ne peut plus bouger.

Pour tirer, il faut pousser l’aiguille à travers la poudre de la cartouche. En tirant la gâchette du fusil, le ressort en spirale se débande, et l’aiguille est poussée avec une grande vitesse, contre la pastille fulminante, placée à l’extrémité de la cartouche. La capsule fulminante part et la poudre s’enflamme.

Dans le principe, on faisait usage, comme projectile du fusil à aiguille, d’une balle pointue, sphérique à sa partie postérieure, qui reposait sur un sabot de bois ou de carton. Aujourd’hui, cette balle est remplacée par le projectile que l’on nomme, en Prusse, langblei (plomb de forme oblongue). C’est un