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Enfin M. Nessler, ayant poursuivi ses recherches, fit remplacer la balle modèle 1857 par une balle du poids de 36 grammes à évidement quadrangulaire, et d’une justesse de tir remarquable ; ce dernier changement s’accomplit en 1863. Les figures 362 et 363 représentent ce dernier projectile.

Fig. 362 et 363. — Balle modèle 1863 et coupe verticale de cette balle.

Ici s’arrête l’historique des armes à feu se chargeant par la bouche du canon. L’aperçu que nous en avons donné, pour ce qui concerne la France, nous dispense de faire le même travail pour les armes étrangères, lesquelles d’ailleurs sont toutes basées sur les principes mis en relief par MM. Delvigne, Thouvenin, Minié, Tamisier, Nessler, etc. Il est bien remarquable que les inventeurs qui ont successivement perfectionné, de nos jours, les projectiles, les carabines et les fusils, soient tous Français.

Partout aujourd’hui les armes portatives rayées ont remplacé les armes à canon lisse. C’est, d’ailleurs, une curieuse remarque à faire, que nul progrès de l’ordre scientifique ou industriel, ne se propage avec autant de rapidité que ceux qui se rapportent à l’art de la guerre. Le moindre perfectionnement dans cette voie, réalisé chez un peuple, reçoit aussitôt son application chez tous les autres ; le progrès se généralise et s’unifie, sans distinction de nationalité.

Il nous reste à parler des armes à feu portatives se chargeant par la culasse. En combinant le chargement par la culasse avec la rayure du canon, on a créé ces armes nouvelles, si redoutables et qui sont aujourd’hui entre les mains de toutes les armées européennes. Le fusil d’infanterie a dû subir dès lors une nouvelle transformation. La dernière expression de la science, dans ce sens, a été le fusil à aiguille, dont le fusil Chassepot n’est qu’un admirable perfectionnement.


CHAPITRE IV

les armes à feu portatives se chargeant par la culasse. — premiers essais. — systèmes julien leroy, lepage, gastine-renette. — système lefaucheux. — le fusil robert. — le mousqueton des cent-gardes. — le fusil manceaux et vieillard. — le fusil à aiguille prussien. — le fusil chassepot.

L’idée de charger les fusils par la culasse est très-ancienne : elle remonte à 1540. Si l’on en croit la chronique, la première arme de ce genre aurait été inventée par un roi de France, par Henri II.

La pensée de charger par la culasse les armes portatives, a dû s’offrir, d’ailleurs, très-naturellement, en présence des inconvénients attachés au système du chargement par la bouche. En effet, si la baguette vient à être perdue, faussée ou brisée, le soldat est désarmé. — Pour recharger leurs armes, les tirailleurs sont obligés de se mettre à l’abri. — La cartouche peut s’enflammer au moment de la charge. — Le fusil peut partir au repos, et produire ainsi de graves accidents. — Enfin, l’opération du chargement fait perdre beaucoup de temps. Le système de chargement par la culasse permet d’éviter une partie de ces inconvénients.

Nous diviserons en trois groupes, d’après le mode d’introduction de la charge, toutes les armes qui ont été construites jusqu’ici dans le système du chargement par la culasse.

Dans le premier groupe, nous rangerons les armes dans lesquelles le tonnerre se découvre à la partie supérieure du canon.

Le second groupe comprendra les armes à tonnerre mobile que l’on sépare du canon, c’est-à-dire celles où le tonnerre s’enlève, et met à découvert une espèce de petit canon