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l’étude des armes à percussion ; si bien que, dès 1820, c’étaient les seules armes usitées à la chasse.

En 1818, un armurier anglais, Joseph Eggs, imagina de placer la composition fulminante au fond d’une petite cuvette en cuivre rouge ; et la capsule fut inventée. Un an après, M. Deqouhert, arquebusier, l’importait en France.

Quoique minime en apparence, cette invention eut un grand résultat, car elle détermina l’application du système percutant aux armes de guerre.

Quelques détails sur la préparation et le remplissage des capsules fulminantes ne seront pas inutiles. Nous dirons comment on procède pour les fabriquer dans les établissements de l’État.

Les capsules sont, comme chacun le sait, de petits cylindres en cuivre rouge, ouverts d’un côté, fermés de l’autre. Quelques fentes sont pratiquées symétriquement sur le rebord ; elles ont pour objet de prévenir les éclats, en permettant au métal de se dilater au moment de l’explosion.

Le cuivre rouge est le métal exclusivement employé pour la confection de ces petits cylindres. Ce métal possède une ténacité et une malléabilité remarquables, et son inaltérabilité dans l’air sec, le recommande tout spécialement pour cet usage.

La première opération pour fabriquer les capsules, consiste à découper les feuilles de cuivre (préalablement bien examinées, pour s’assurer de leurs bonnes qualités physiques), en rubans de 0m,020 de large. Ces rubans sont ensuite passés au laminoir, et leur épaisseur réduite à un demi-millimètre ; puis on les recuit, pour leur rendre leur malléabilité, on les décape par un acide faible, on les lave à l’eau pure, et on les enduit d’huile de pied de bœuf.

La confection des petites alvéoles de cuivre qui constituent la capsule, comprend trois opérations distinctes, qui se font presque simultanément par le secours d’une machine très-ingénieuse. Cette machine découpe le flan, ou étoile, à six branches, emboutit le flan, enfin rabat les bords, et les découpe concentriquement.

Ces manipulations mécaniques s’accomplissent à la capsulerie qui est établie à l’intérieur de Paris. La charge de la capsule se fait à l’usine de Montreuil-sous-bois, où se prépare le fulminate, par le procédé chimique décrit plus haut. Avec 1 250 grammes de fulminate, provenant d’un kilogramme de mercure, on peut confectionner 40 000 amorces. Chaque capsule renferme 3 centigrammes de fulminate de mercure, et 1 centigramme environ de vernis recouvrant ce sel.

On exécute le remplissage des capsules en les posant sur des planchettes en bois, percées chacune de 500 trous, qui peuvent recevoir autant de capsules. À l’aide d’une pipette, on verse dans chacune une goutte de fulminate de mercure. Ensuite on y dépose une goutte de vernis. Après quoi, on fait sécher les capsules dans une étuve, et on les met en sacs de 10 000, pour être expédiées aux magasins de l’Administration de la guerre.

Avant d’être livrées, les amorces ont été soumises à diverses épreuves. On a vérifié leurs dimensions ; on a examiné si le mélange fulminant est solidement fixé dans l’alvéole ; enfin, on les a plongées pendant cinq minutes dans l’eau, pour constater la résistance du vernis. Le vernis ne doit pas être altéré par ce séjour dans l’eau. On a également expérimenté leurs bonnes qualités : sur 100 coups tirés à titre d’essai, sur la cheminée d’une arme à feu, le nombre des ratés ne doit pas dépasser 4.

Nous n’avons pas besoin de dire que l’explosion des fabriques d’amorces fulminantes est chose assez commune. Aussi oblige-t-on les fabricants à se tenir dans des lieux éloignés de toute habitation, à ne préparer à la fois que de petites quantités de matière, et à ne conserver aucun approvisionnement.