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1 de salpêtre. On peut, d’ailleurs, faire varier ce rapport de manière à obtenir des mélanges qui détonent plus ou moins facilement, suivant la nature de l’arme. Pour les armes de guerre, on s’en tient aux proportions que nous venons d’indiquer.

Pour préparer la pâte des amorces, on opère de la manière suivante.

On ajoute d’abord au fulminate de mercure, 30 pour 100 d’eau, afin de pouvoir le manipuler sans danger ; car, dans cet état d’humidité, il ne détone pas, ou ne détone que partiellement. Puis on le broie sur une table de marbre, avec une molette de bois, en le mélangeant de la moitié de son poids de nitre, ou de pulvérin (poussier de poudre à canon). On obtient ainsi une pâte assez consistante, qu’il ne s’agit plus que de façonner en boulettes. À cet effet, on la passe dans un crible très-fin, alors qu’elle est encore humide, et on l’agite ensuite dans un bocal de verre, auquel on imprime un mouvement de rotation, jusqu’à ce que la poudre se soit mise en grains de la grosseur que l’on désire. Pour mettre ces globules à l’abri de l’humidité, on les enduit d’un vernis, formé d’une dissolution de gomme laque blonde dans l’alcool, ou de mastic dans l’essence de térébenthine ; la cire pure est aussi excellente pour cet objet.

Ce sont ces petits grains de fulminate qui, sous l’action du choc, s’enflamment et remplacent le feu de l’ancienne poudre d’amorce.

L’emploi du fulminate de mercure comme amorce, a été, avons-nous dit, l’origine de l’invention du fusil à percussion. C’est un armurier écossais, nommé Forsith, qui eut le premier l’idée de fabriquer un fusil fondé sur la propriété des composés fulminants, de s’enflammer par le choc. C’est en 1807 que Forsith prit son premier brevet pour le fusil à percussion ; mais il rencontra beaucoup de difficultés pour le faire adopter. Il ne dépensa pas moins de 250 000 francs, pour faire connaître cette arme nouvelle et en prouver tous les avantages.

L’année suivante, en 1808, Pauly, né à Genève, mais établi à Paris, comme armurier, imagina un autre fusil à percussion, qui différait d’une manière assez notable de celui de Forsith. Cette arme se chargeait par la culasse, et la cartouche portait à son extrémité, une amorce fulminante, composée d’une petite lentille de fulminate de mercure. Le jeu de la détente lançait une petite tige de fer, qui venait frapper l’amorce et l’enflammait. C’était là, comme nous le verrons plus loin, le principe et le début du fusil à aiguille.

Comme ce premier modèle laissait beaucoup à désirer, il fut abandonné. Mais, trente ans plus tard, il devait reparaître sous le nom de fusil à aiguille.

En 1812, le même armurier Pauly inventa une nouvelle disposition, qui n’était autre chose que le fusil à percussion, qui devait si longtemps demeurer en faveur.

Pauly supprima tout l’ancien système de la batterie du fusil à silex : le chien, la batterie, le bassinet. Tout se réduisit à un simple tuyau d’acier, nommé cheminée, communiquant avec la lumière. Au lieu et place du chien des armes à silex, était un petit marteau, de forme recourbée, terminé par une tête cylindrique. Le choc de ce petit marteau sur un grain d’amorce, que l’on posait avec précaution sur l’orifice supérieur de la cheminée, déterminait l’inflammation de la charge. En pressant du doigt la gâchette, on faisait tomber le marteau.

Ce système, dit à percussion, et nommé quelquefois, improprement, à piston, à cause de la forme du marteau, offrait certains inconvénients. Lors du tir, il y avait un crachement des éclats de l’amorce, qui le rendait dangereux ; puis l’amorce, simplement posée sur la cheminée, s’échappait souvent sans qu’on s’en aperçût, ce qui produisait de nombreux ratés. Néanmoins l’élan était donné ; tous les esprits se tournèrent vers