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C’est, en effet, à l’Espagne que l’on doit le premier perfectionnement apporté à la vieille couleuvrine à main du Moyen Age, nous voulons parler de l’invention de l’arquebuse à mèche (fig. 342) qui contient un appareil mécanique pour mettre le feu à la poudre d’amorce.

Cet appareil se compose du serpentin, du bassinet et du couvre-bassinet.

Jusque-là, les armes à feu avaient présenté un inconvénient grave : elles ne pouvaient être amorcées qu’au moment même de s’en servir. Si l’on eût tenu la poudre d’amorce prête longtemps à l’avance, elle aurait pu tomber à terre au moindre mouvement, et le maniement de l’arme ainsi amorcée, aurait toujours été difficile. Ajoutons que le tir n’était jamais sûr, car le soldat, obligé de présenter la mèche pour enflammer la poudre, n’avait plus qu’une main libre pour soutenir la couleuvrine : ce qui nuisait beaucoup à la justesse de son tir. Ce fut donc un grand progrès que celui qui consista à mettre la poudre d’amorce à l’abri de tous les dérangements extérieurs et à en produire mécaniquement l’inflammation.

Le serpentin était une pince longue et recourbée, à laquelle était attachée la mèche. En tirant la gâchette on faisait arriver sur le bassinet le serpentin et la mèche allumée.

Le bassinet était un petit godet destiné à contenir la poudre d’amorce : il était muni d’un couvercle, nommé couvre-bassinet, qui le fermait hermétiquement, et que l’on découvrait lorsqu’il fallait tirer.

La figure 343 représente le mécanisme de l’arquebuse à mèche. La gâchette CD, tirant le levier EFG, et le faisant pivoter sur la goupille F à la manière d’un levier de sonnette, tirait le serpentin A, et amenait doucement, sans secousse, la mèche allumée sur le bassinet H, contenant la poudre d’amorce. Ce bassinet était découvert parce que l’on avait tiré le couvre-bassinet, B.

Fig. 343. — Mécanisme de l’arquebuse à mèche.

L’arquebusier plaçait préalablement dans la pince du serpentin le bout de sa mèche allumée, en prenant soin d’en régler la longueur, pour que le contact de la mèche allumée et de la poudre d’amorce se fît très-exactement. C’est ce qu’on appelait compasser la mèche ; puis il soufflait dessus pour activer la combustion ; enfin, il découvrait le bassinet. Après quoi, il épaulait, ajustait et tirait en toute tranquillité.

La figure 342 (page 465) montre l’arquebuse à mèche dans son entier.

Dès les premières années du xvie siècle, l’arquebuse à mèche fut adoptée pour l’infan-