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à entamer ; c’était Blakely, qui publiait ses belles théories sur la résistance des pièces. Chaque fois que sir Armstrong était ainsi dépassé, sa réputation allait s’amoindrissant, et la faveur publique se détachait de lui.

La comparaison de son système avec celui de l’artillerie française vint lui porter le dernier coup.

Il eut alors à subir une sorte de jugement devant une commission d’enquête instituée par le parlement. On lui reprocha les sommes énormes qu’il avait dépensées ; on l’accusa de n’avoir pas fait mieux, à lui seul, que tout le monde. Bref, il fut condamné scientifiquement. Les fonderies du royaume reçurent ordre de ne plus construire de canon d’après ses indications. Un comité officiel, réuni à Woolwich, dans le but de choisir, parmi tous les systèmes nouveaux, le meilleur canon à adopter pour la marine de combat, repoussa le système Armstrong, et lui préféra un canon se chargeant par la bouche, et qui, par sa rayure, se rapprochait beaucoup du canon de l’artillerie de la marine française.

Le chargement des canons par la culasse a donc été à peu près abandonné en Angleterre. On a encore essayé deux modes nouveaux de fermeture de la culasse, mais il n’a pas été donné suite à leur emploi. Les procédés de fermeture dont il s’agit sont dus à M. Whitworth et à M. Blakely. Le premier consiste en un chapeau qui tourne horizontalement, à charnière, sur un anneau, et qui ferme l’âme en se vissant à la culasse. C’est une simple fermeture à vis.

Fig. 334. — Canon Whitworth, se chargeant par la culasse.

Nous représentons ici (fig. 334) le canon Whitworth, avec sa fermeture à vis et à charnière. Ce système, hâtons-nous de le dire, n’a pas résisté à des expérimentations sérieuses. Il ne produit qu’une occlusion très-imparfaite ; une partie des gaz de la poudre s’échappent par les interstices des pas de vis. De sorte qu’aujourd’hui M. Whitworth ne construit plus que des canons se chargeant par la bouche.

Le capitaine Blakely a imaginé une vis en forme de coin, pouvant glisser d’avant en arrière, sur une sorte de rail. La forme de la vis permet de la mettre presque en place par simple approche, et de l’engager complètement dans son écrou en un ou deux tours de manivelle.

Cette disposition est inférieure à presque toutes celles que nous avons décrites jusqu’ici, et n’a jamais pris grande extension.

En résumé, on en est généralement revenu, en Angleterre, au chargement des canons par la bouche. La plupart des canons anglais qui figuraient à l’Exposition universelle de 1867, se chargeaient par la bouche.


CHAPITRE XXV

les canons prussiens se chargeant par la culasse. — le canon monstre de l’exposition universelle de paris. — les canons de campagne prussiens se chargeant par la culasse. — les canons de la marine française.

Il est un pays qui, loin de se décourager, comme l’Angleterre, à l’égard du système de chargement des canons par la culasse, a poursuivi avec ténacité l’étude de ce système, et a fini par en obtenir d’excellents ré-