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Fig. 333. — Canon de campagne Armstrong (calibre de 20).

Le projectile Armstrong est recouvert d’une enveloppe de plomb, entrant dans des rainures creusées à la surface du métal. Il éprouve le forcement le plus complet qu’on puisse imaginer. Voici la manière dont le forcement se produit. Ce projectile est un obus ordinaire ; sa partie postérieure, élargie, s’arrête à l’intérieur de l’âme, à l’endroit où commence la rayure ; la partie antérieure est logée dans un espace juste suffisant pour la recevoir. Quand l’obus lancé par la poudre est contraint d’avancer, dès le premier pas, sa partie postérieure s’écrase dans la rayure du diamètre du corps de l’obus. Cette rayure peu profonde est remplie par le plomb, de sorte qu’aucun vent n’est laissé. Mais pendant que la poudre brûle encore, et que de nouvelles quantités de gaz se produisent, l’obus arrive à un étranglement que porte la culasse ; à ce point le diamètre de l’âme diminue, toute la surface de plomb est écrasée ; et cet acte mécanique exige un déploiement de force considérable.

Le projectile tourne en suivant les rainures, qui deviennent de plus en plus profondes, jusque près de la bouche. Là encore est un nouvel étranglement, qui retient le projectile jusqu’à ce que les gaz aient acquis tout leur ressort par une combustion complète ; puis l’obus passe de nouveau à la filière, et il est enfin lancé au dehors, avec la vitesse résultant de toutes ces tensions accumulées.

On a essayé par des moyens mécaniques ordinaires, de faire traverser au projectile l’âme de la pièce à laquelle il est destiné ; on a trouvé que l’effort mécanique qu’il faut déployer pour vaincre cette résistance, est égal à la pression que produirait un poids de quarante tonnes !

Il faut donc des pièces d’une résistance extraordinaire pour qu’elles n’éclatent pas pendant qu’un pareil forcement s’accomplit en un espace de temps à peine mesurable.

Cette méthode n’est pas exempte de défauts. Souvent, au lieu de donner au projectile une vitesse initiale plus grande, le forcement la diminue. Le ressort total des gaz étant diminué de la force employée à faire traverser les étranglements, n’est pas aussi grand que l’impulsion qu’on eût communiquée au projectile en laissant un certain vent pour la déperdition des gaz. Il faut encore considérer la dégradation rapide de l’âme, les rup-