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donna ses travaux, et repartit pour Bruxelles.

Le mécanisme de fermeture de la culasse était assez compliqué. Plus tard, M. Montigny fils remplaça ce système par une simple fermeture à vis[1].

En 1845, MM. Cavalli, en Piémont, et Wahrendorff, en Suède, inventaient, chacun en même temps, un système de canons se chargeant par la culasse.

Le canon du major Cavalli se réduisait à un tube ouvert aux deux bouts, pouvant être intercepté à sa partie postérieure par une sorte de verrou présentant la forme d’un coin (fig. 327). Cette forme de coin permet de toujours forcer l’obturateur et de rendre la fermeture complète. Si, par l’effet d’un usage prolongé, le coin s’aplatit, ou que l’ouverture qui lui est destinée s’agrandisse, on arrivera, en le poussant un peu plus loin, à lui faire occuper tout l’espace qu’il doit remplir. La décharge aurait eu pour effet de chasser le coin, si ses deux faces étaient trop obliques l’une sur l’autre. Cavalli avait calculé cette inclinaison de telle sorte qu’elle fût en rapport avec le coefficient de frottement du fer trempé avec la fonte de fer, métaux dont étaient faits le coin et le canon ; la décharge n’arrivait donc pas à déloger l’obturateur, mais seulement à l’ébranler ; et il était alors plus facile de le retirer pour mettre une nouvelle charge.

Fig. 327. — Fermeture du canon Cavalli.

En pratique cependant, il arrivait souvent que, malgré tous les efforts opérés sur les deux poignées P, P′, dont est muni le coin (fig. 327), il était impossible de le faire mouvoir. On agissait alors sur lui à l’aide d’un levier dont la pointe entrait dans l’encastrement ménagé à la partie postérieure, pendant qu’on prenait un point d’appui sur le pourtour de l’ouverture de la prolongation de l’âme.

L’une des poignées P′, est courte et fixée au gros bout du coin : l’autre P, au contraire, est de grande dimension. Quand il s’agit de charger la pièce, un servant tire sur la petite poignée et amène l’ouverture de la grande en rapport avec l’âme du canon ; une chaînette retient le coin pour qu’il n’avance pas au delà de la limite voulue ; puis un autre servant introduit le boulet et la gargousse par la partie postérieure de l’âme, et l’ouverture de la grande poignée leur livre passage.

Si les gaz de la poudre avaient agi directement sur le coin, celui-ci eût été bientôt mis hors d’usage, et la fermeture n’eût pas été complète ; aussi Cavalli plaçait-il un culot a entre le coin et la charge. Ce culot présentait à sa face postérieure un encastrement semblable à celui du coin pour qu’on pût le mettre en place ou le retirer à l’aide d’un levier. Un étranglement de culot correspondant à une diminution du calibre de l’âme, empêchait qu’il ne pût être poussé plus loin que sa place.

Ce canon lançait un obus d’un poids trop grand peut-être relativement à sa résistance ; mais la portée et la justesse du tir étaient considérables.

En 1847, des expériences comparatives fu-

  1. Mangeot, Des armes de guerre rayées, in-8. Bruxelles, 1860, p, 167.