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prit, le 29 juillet 1751, à l’âge de quarante-quatre ans. Sa constitution, naturellement faible et délicate, n’avait pu… Ses œuvres, tant mathématiques que philosophiques, ont été recueillies avec une notice sur sa vie, par son ami le docteur Wilson et publiées en deux volumes à Londres en 1761. »

Tel fut l’homme éminent à qui nous devons la découverte, ou si l’on veut, l’étude approfondie des armes rayées. Voici maintenant comment il fut amené dans cette voie.

Robins avait remarqué dans ses expériences, que les projectiles, au lieu de décrire leur trajectoire dans un plan vertical, déviaient souvent de ce plan, soit à droite, soit à gauche, surtout vers la fin du trajet. Réfléchissant sur ces irrégularités, il en trouva la cause dans la concordance de ces deux faits : le mouvement de rotation que prend le projectile pendant sa translation dans l’intérieur de la pièce, par suite de son frottement contre les parois, et la résistance inégale de l’air sous les différents points du projectile, par suite de la rotation qu’il a acquise dans l’âme de la pièce.

Il n’est pas nécessaire de soumettre le premier point à un examen bien approfondi pour se convaincre qu’un boulet rond, qui n’a jamais le diamètre exact de l’âme de la bouche à feu, doit presque nécessairement, quand il est lancé par la poudre, toucher à la paroi de cette bouche à feu, au moins pendant un moment, et par quelques-uns de ses points. L’impulsion des gaz de la poudre, selon qu’elle est plus forte d’un côté ou de l’autre, pousse alternativement le boulet contre les parois intérieures du canon ; de sorte que, quand il sort de la bouche à feu, il suit une direction autre que celle de l’axe du canon pointé vers le but.

Quand un point du boulet touche la paroi de l’âme, les bouffées de gaz, agissant suivant l’axe de la pièce, ont pour effet de faire tourner le boulet sur lui-même, puisqu’elles n’agissent plus suivant le centre de figure du boulet, mais suivant un point distant du centre de tout l’espace du vent, et le mieux placé possible pour que le mouvement rotatoire s’effectue.

Le boulet qui a commencé de tourner à l’intérieur de la pièce, conserve ce mouvement au dehors, et alors arrive une autre cause d’irrégularité dans sa direction : c’est la résistance de l’air.

Le boulet peut tourner sur trois axes principaux : sur son diamètre vertical, sur son diamètre horizontal situé perpendiculairement au plan du tir, et sur ce même diamètre situé dans le plan du tir. Considérons chacun de ces cas en particulier.

Supposons, pour le premier cas, que l’axe de rotation soit le diamètre vertical du boulet. Constamment l’un des hémisphères latéraux, le droit par exemple, avance plus que le centre du boulet ; constamment aussi l’hémisphère gauche avance moins. Or, nous savons que plus la vitesse est grande, plus grande est la résistance de l’air ; l’hémisphère droit éprouvera donc une résistance plus grande que l’hémisphère gauche ; l’air pressant davantage sur ce côté, le projectile déviera donc vers la gauche, et sortira du plan vertical.

Si la rotation s’effectuait suivant le diamètre horizontal du boulet, perpendiculaire au plan du tir, la pression de l’air s’exercerait plus ou sur l’hémisphère supérieur ou sur l’hémisphère inférieur, suivant le sens de la rotation, et la trajectoire serait déviée ou en bas ou en haut, mais elle ne sortirait pas du plan vertical.

Dans le troisième cas, c’est-à-dire quand le boulet tourne suivant son diamètre horizontal situé dans le plan du tir ; la surface antérieure étant également pressée sur tous ses points, on n’observe aucune déviation ; mais à condition que l’axe de rotation ne devienne jamais oblique, ou plutôt coïncide toujours avec la trajectoire.

La rotation s’effectuant suivant tous les diamètres possibles, autres que les trois que