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importants et les plus admirables de Robins, à ceux qui consacreront éternellement son génie : nous voulons parler de ses études sur les canons rayés.

Fig. 297. — Hausse de pointage des canons.

CHAPITRE XVII

robins. — sa vie et ses travaux. — son étude des canons rayés. — origine et principe de la rayure. — balles et boulets forcés. — prédiction de robins concernant les canons rayés. — contestations d’euler.

Nous avons déjà prononcé plusieurs fois le nom de Robins. Ce mathématicien et physicien éminent, qui appliqua spécialement à l’artillerie toute la somme de ses connaissances, et qui eut la gloire de comprendre et de proclamer tout l’avenir des armes rayées, est peu connu en France, parce qu’il a passé sa vie et exécuté tous ses travaux en Angleterre. Nous croyons, en conséquence, devoir mettre sous les yeux de nos lecteurs un extrait de la notice biographique qui lui est consacrée dans la Biographie universelle de Michaud.

« Benjamin Robins, membre de la Société royale de Londres, naquit, dit M. de Prony, auteur de cette notice, à Bath, l’an 1707, de parents quakers. Son goût pour les sciences physiques et mathématiques et pour la littérature, lui fit négliger l’étude de la théologie et l’éloigna de la carrière dans laquelle sa famille aurait désiré qu’il entrât. Cependant cette famille n’étant pas, à beaucoup près, en état de lui procurer une existence indépendante, le jeune Robins dut songer à tirer un parti utile de son instruction. Un de ses mémoires de mathématiques fut communiqué au docteur Pembeston, qui conçut une haute idée de l’auteur, et lui proposa quelques problèmes, en l’assujettissant à la condition de les résoudre par la méthode synthétique ou méthode des anciens, afin de pouvoir mieux apprécier la force de sa tête. Robins ayant complétement satisfait à tout ce que Pembeston lui demandait, trouva en lui un protecteur et un ami, et vint se fixer à Londres. Là, il s’appliqua fortement à l’étude des ouvrages des plus célèbres mathématiciens, anciens et modernes ; étude à laquelle il joignit celle des langues vivantes. Ses progrès furent si rapides qu’à peine âgé de vingt ans, il donna une démonstration de la dernière proposition du Traité des quadratures de Newton, qui fut jugée digne d’être insérée dans le volume des Transactions philosophiques de 1727 ; et, sur la fin de la même année, la Société royale l’admit au nombre de ses membres. L’année suivante, il osa se mesurer avec le grand géomètre Jean Bernouilli, à l’occasion de la célèbre question des forces vives. L’Académie royale des sciences de Paris avait proposé, en 1724 et 1725, pour sujet de prix, la démonstration des lois mathématiques de la communication du mouvement. Jean Bernouilli concourut ; et, sa pièce n’ayant pas été couronnée, il fit, en publiant sa théorie, qui était celle de Leibnitz, une espèce d’appel au monde savant : Robins y répondit par un écrit qu’il mit au jour au mois de mai 1728, ayant pour titre : État présent de la république des lettres, et contenant une réfutation de la théorie leibnitzienne et bernouillienne. Les disputes sur cette matière ont fort occupé les géomètres au commencement du xviiie siècle ; mais il est bien reconnu dans l’état actuel de la science, qu’elles ne sont que des disputes de définitions ou de mots.

« À cette époque, Robins renonça au costume et aux manières des quakers, sans cependant abandonner les liaisons d’amitié qu’il avait parmi les personnes de cette secte. Ses protections et surtout son mérite lui attirèrent un grand nombre d’écoliers de mathématiques, qu’il pouvait aussi, vu la grande variété de ses connaissances, diriger dans les autres parties de leurs études. Mais son activité n’était pas compatible avec un pareil genre de vie : il ambitionnait de se distinguer par des travaux liés aux applications utiles des mathématiques, à la mécanique pratique, à la science de l’ingénieur. L’art des fortifications fixa surtout son attention ; et il fit un voyage en Flandre, pour y examiner les principales places fortes.

« À son retour en Angleterre, il prit part aux discussions qui avaient lieu entre les géomètres sur les principes fondamentaux de la méthode d’analyse transcendante, dont Newton et Leibnitz se disputent