Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/385

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tout ce qui concernait l’art de lancer les bombes.

L’affût était d’une simplicité et d’une solidité remarquables. Il est représenté par la figure 259.

Le chargement s’opérait avec des précautions toutes particulières. La charge de poudre, qui variait de une à trois livres, était introduite avec la lanterne jusqu’au fond de la chambre ; elle n’en occupait pas toute la hauteur. Un tampon de bois mou soigneusement tourné, et du diamètre voulu, était poussé dans la chambre, et achevait à peu près de la remplir. Alors on recouvrait le tampon avec du gazon, que l’on foulait pour lui donner la forme du mortier. On laissait glisser la bombe, la fusée tournée vers le dehors ; enfin on tassait de la terre tout autour de la bombe, et même au-dessus, de manière à ne laisser dépasser que le bout de la fusée.

La bombe se tirait à deux feux, d’après le procédé décrit par Senfftenberg.

Il fallait un temps considérable pour tirer chaque coup ; mais Malthus, du moins, eut le mérite d’écarter à peu près tout danger pour les artilleurs ; dès lors on osa mettre en usage la nouvelle méthode, et les progrès ne se firent pas attendre.


CHAPITRE XI

le pétard. — le roi de navarre emploie le pétard pendant le siége de cahors. — composition du pétard.

L’origine du pétard est inconnue. Quelques auteurs estiment qu’on doit la faire remonter jusqu’au xve siècle. L’événement le plus célèbre, sinon le plus ancien, dans lequel figure cet engin de guerre, se passa au siége de Cahors, en 1580. Henri le Béarnais, alors roi de Navarre, et qui fut plus tard Henri IV roi de France, ayant rassemblé sous main ses troupes, fit une marche forcée, et arriva à minuit sous les murs de Cahors. Les hommes purent s’avancer jusqu’aux portes de la ville sans avoir été aperçus par les sentinelles. En avant marchaient les pétardiers, accompagnés de dix soldats « des plus dispos et fermes de courage[1]. » Suivaient vingt hommes « armez » (c’est-à-dire pourvus d’armures défensives) et trente arquebusiers. Venaient enfin quarante gentilshommes des plus déterminés, conduisant le reste des troupes. On parvint à enfoncer successivement trois portes à l’aide du pétard, et l’on agrandit les trous à la hache, pour que les hommes « armez » pussent passer.

La garnison, réveillée en sursaut, descendit dans les rues, et un combat terrible s’engagea. Il dura cinq jours et cinq nuits. Au bout de ce temps la ville fut prise et livrée au pillage.

Diégo Ufano, écrivain militaire espagnol, a décrit et dessiné le pétard. Nous reproduisons ses dessins d’après l’ouvrage de M. le général Favé.

Fig. 260. — Manière de remplir le pétard.

Le pétard se composait essentiellement d’un cylindre de bronze CD (fig. 260) fermé à un

  1. Mémoires ou économies royales de Henri le Grand, par Maximilien de Béthune, duc de Sully. Amsterdam, 1725.