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Fig. 207. — Le siége d’une place forte au xive siècle, d’après Christine de Pisan.


elles d’abord qu’on cherchait à détruire.

Si les ouvrages saillants proprement dits étaient rares à cette époque, parfois, par compensation, on trouvait des villes munies d’un ou deux prolongements de l’enceinte, extraordinairement avancés dans la campagne, et nommés barbacanes. Un exemple remarquable de ce mode de fortification, est fourni par le plan du siége de la ville de Carcassonne, en 1249, plan moderne, qui a été publié par le baron Trouvé, dans la Statistique du département de l’Aude. La ville avait deux enceintes assez irrégulières, et flanquées de tours. À un certain point, vers la droite, l’enceinte extérieure s’avançait tout à coup jusqu’au premier plan, près du rempart qui traverse l’Aude, se coudait un peu, et revenait parallèlement à elle-même. Cette barbacane pouvait être fermée du côté de la place. L’assiégeant était donc obligé d’attaquer ce premier ouvrage, et de le détruire, avant de s’approcher de la muraille elle-même ; et ce premier succès ne l’aidait en rien dans le siége ultérieur qu’il avait à faire. Aussi la ville ne put-elle jamais être prise par Trencavel, fils du vicomte de Béziers, qui en commença le siége, le 17 octobre 1240. Guillaume des Ormes, sénéchal de Carcassonne, rendit compte de ce siége à la reine Blanche, régente du royaume pendant l’absence de saint Louis. Ce rapport, véritable bulletin des opérations du siége, a été publié de nos jours[1].

À cette époque, on comptait un grand nombre de villes réputées imprenables de vive force ; le blocus seul pouvait les réduire. Mais le blocus n’était pas toujours possible. Quelque nombreuse que fut l’armée assiégeante, elle ne pouvait pas fermer tous les accès d’une ville, lorsqu’elle s’appuyait à la mer ou à un grand fleuve.

Les châteaux bâtis sur le roc étaient encore plus difficiles à prendre que les villes, en raison de l’impossibilité de miner à de pareils

  1. Bibliothèque de l’École des chartes, t. XII, p. 363.