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de la poudre, et la prodigieuse dilatation de ces mêmes gaz, portés à une température excessive.

Vers la fin de la période dont nous nous occupons, on commença à couler en bronze quelques bombardes, au lieu de les forger en fer ; ce fut là le premier perfectionnement de la fabrication des bouches à feu. Vers 1470, il existait, en Italie, des bombardes coulées en bronze, d’une seule pièce, et renforcées, sur toute leur longueur, par des cercles de fer bien ajustés. On lit dans la chronique de Louis XI, écrite en 1477 :

« Le roy pour toujours accroistre son artillerie, voulut et ordonna estre faites douze grosses bombardes de fonte et métail de moult grande longueur et grosseur, et voulut icelles estre faites, c’est assavoir trois à Paris, trois à Orléans, trois à Tours, trois à Amiens. »

Les anciennes bouches à feu composées d’un simple assemblage de barres de fer, avaient sur les nouvelles pièces fondues, l’avantage de ne point éclater en morceaux. Quand l’arme cédait sous l’effort de l’explosion, au lieu de voler en éclats, comme les pièces de bronze, elle se fendait seulement dans le sens de la longueur. C’est un fait bien connu dans les ateliers de métallurgie, que le fer se fend par les explosions, tandis que la fonte et les alliages, volent en morceaux. Le danger était donc bien moindre pour les artilleurs qui faisaient usage de pièces en fer que pour ceux qui tiraient les pièces en bronze ; et presque toujours après un accident arrivé à une pièce de fer, on pouvait remettre la bouche à feu en état. Mais les armes coulées éclataient plus rarement, et elles avaient sur les pièces en fer l’avantage d’être plus résistantes à poids et à calibre égal. Cette dernière qualité se prononça de plus en plus, à mesure que les alliages employés pour la fabrication des canons, se rapprochaient du bronze employé de nos jours. C’est ainsi que les canons en fer forgé furent peu à peu abandonnés, et remplacés par les canons coulés en bronze.

Les bombardes ne différaient pas, à cette époque, de celles que nous avons représentées pour l’époque antérieure ; mais les affûts subirent des modifications importantes. Les dessins qui vont suivre, montreront quels étaient les affûts que l’on adaptait aux bombardes au xve siècle.

Fig. 198. — Affût d’une très-ancienne bombarde.

La figure 198, extraite par M. Favé, de l’ouvrage de Valturius, De re militari, représente un affût qui appartient à l’enfance de l’art, car le pointage était ainsi impossible. La bombarde est posée sur une caisse de bois, qui n’est même pas pourvue de roulettes, et qui reste immobile sur le sol. À la partie antérieure, deux montants verticaux portent une cloison de bois, A, destinée à protéger l’artilleur.

La figure 199 représente, d’après le même ouvrage de Valturius, un modèle d’affût, qui permet de pointer la pièce dans le plan vertical. On peut élever ou abaisser à l’aide des montants de bois, A, B et des chevilles placées