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state bien la présence de l’azote, de l’hydrogène, d’une petite quantité d’oxygène et d’acide carbonique ; mais le bioxyde d’azote, l’acide cyanhydrique et la vapeur d’eau, ne se forment pas. Ce phénomène est facile à expliquer : en effet, si nous admettons avec M. Henri Sainte-Claire Deville que l’eau n’existe plus de 1 000 à 1 100 degrés, elle existera bien moins encore à la température produite par la combustion de la poudre, température évaluée par M. le général Piobert à 2 400 degrés environ. Ce que nous acceptons pour l’eau, s’applique à plus forte raison au bioxyde d’azote et à l’acide cyanhydrique. Ces corps sont décomposés et réduits en leurs éléments gazeux, l’azote et l’oxygène.

Il va sans dire que, dans l’un et dans l’autre cas, on a toujours, comme résidu solide de la combustion, un mélange de charbon et de carbonate de potasse. C’est ce que montre cette équation chimique :

Ce qui veut dire qu’il se forme, pour un équivalent d’acide carbazotique, 3 équivalents d’azote, 5 équivalents d’acide carbonique, 2 d’hydrogène et 1 d’oxygène provenant de la dissociation, par la chaleur, des éléments de l’eau. Le résidu solide est formé de 1 équivalent de carbonate de potasse et de 6 équivalents de charbon mêlés.

Cette dernière formule chimique a servi de base à la préparation des différentes poudres composées par M. Désignolle.

Associé au salpêtre, le carbazotate de potasse constitue une poudre dont la puissance a été évaluée à 10 fois environ celle de la poudre noire. Associé au charbon, il donne une poudre d’une puissance considérable.

Cette poudre, il est vrai, possède des propriétés éminemment brisantes, mais on peut la modifier, atténuer son pouvoir brisant, et même le supprimer complètement, par l’addition de quantités déterminées de charbon.

C’est ainsi que M. Désignolle a pu composer, pour les énormes bouches à feu qui arment aujourd’hui nos navires cuirassés, des poudres à canon moins brisantes que la poudre noire, et qui impriment aux projectiles des vitesses bien supérieures.

Nous n’avons pas reçu de l’inventeur communication de la composition exacte des diverses variétés de poudre qu’il fabrique. Nous connaissons seulement les quantités de carbazotate de potasse qu’il emploie pour obtenir, dans les différents cas, le maximum d’effet utile.

1o Pour les poudres brisantes, ce maximum est atteint par un mélange à parties égales de salpêtre et de carbazotate de potasse.

2o Pour les poudres à mousquet, les proportions de carbazotate de potasse peuvent varier de 12 à 20 pour 100, suivant la vitesse initiale qu’on veut obtenir. Cette poudre renferme aussi une certaine quantité de charbon.

3o Pour les poudres à canon, les proportions de carbazotate de potasse sont de 8 à 12 pour 100, avec une certaine quantité de charbon.

On voit que les poudres à canon et à mousquet préparées par M. Désignolle ne sont autre chose que l’ancienne poudre à canon et à mousquet dans laquelle le soufre est remplacé par le carbazotate de potasse.

Selon M. Désignolle, les poudres au carbazotate de potasse présentent, sur l’ancienne poudre, les avantages suivants :

1o La base restant la même, on peut composer des poudres dont on peut faire varier la puissance explosive, dans les limites de 1 à 10 (1 représentant la puissance de la poudre noire).

2o On peut augmenter la vitesse initiale imprimée aux projectiles, sans augmenter le pouvoir brisant de la poudre.

3o Comme le soufre n’entre pas dans la composition de cette poudre, on n’a plus à