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12, en fonte. On tira avec des charges de 100, 200, 300 et 400 grammes de pyroxyle, en donnant à ces charges 5 centimètres de hauteur pour un poids de 100 grammes. Le bruit du canon tiré avec le pyroxyle était aussi fort que le bruit du canon à poudre. Seulement, la détonation ébranlait moins la pièce ; elle ne donnait point de fumée et n’encrassait pas le canon. Le recul de la pièce était moins considérable avec le pyroxyle qu’avec la poudre.

En tirant au canon-pendule, on reconnut que pour obtenir le même effet, il fallait employer deux fois et demie moins de pyroxyle que de poudre à canon, et que les charges devaient avoir le même volume pour le pyroxyle et pour la poudre à canon ordinaire.

Mais dans le cours de ces expériences, on reconnut le véritable défaut du fulmi-coton. On s’assura, à n’en pas douter, que le fulmi-coton est une poudre brisante, ce qui ne permet pas de la consacrer avec sécurité à un emploi régulier dans les armes. Expliquons ce que l’on doit entendre par une poudre brisante.

Pour qu’une poudre puisse s’employer avec une entière sécurité dans les armes, il faut qu’elle ne brûle pas trop vite. Quelle que soit, d’une manière relative, la rapidité de l’inflammation de la poudre dont nous faisons communément usage, il est facile de montrer par l’expérience, que, pendant sa combustion, sa masse entière ne s’embrase point à la fois, mais que toujours elle brûle de place en place, et pour ainsi dire, couche par couche. Il résulte de là que les gaz qui proviennent de cette combustion, ne sont pas brusquement et instantanément formés, mais qu’au contraire, ils prennent naissance d’une manière graduelle et successive. Dès lors, tout leur effet se porte sur le projectile et n’exerce sur les parois de l’arme aucune action destructive. Tel n’est pas, malheureusement, le mode de combustion du coton-poudre. Comme le pyroxyle n’est pas un simple mélange de matières inflammables, mais une véritable combinaison chimique, une substance homogène, il s’embrase tout entier, dans un espace de temps presque indivisible. Or, cette excessive rapidité d’inflammation, qui fait sa supériorité comme agent balistique, constitue précisément ses dangers. Avec des charges ordinaires, son usage n’offre aucun inconvénient ; mais si l’on dépasse les limites nécessaires pour une arme donnée, il peut arriver que l’arme éclate entre les mains, ou qu’elle souffre, au bout de peu de temps, des dégradations sérieuses. Le rapport de la commission de 1849 signale des faits très-graves sous ce rapport. Il parle de fusils et de bouches à feu mises hors de service par des charges de coton-poudre qui ne dépassaient pas de beaucoup les limites ordinaires.

La plupart des canons de fusil d’infanterie éclataient dès les premiers coups, à la charge de 7 grammes de pyroxyle ; tandis qu’ils peuvent tirer sans éclater, des charges de 30 grammes de poudre de guerre.

Les fusils d’infanterie chargés de 2gr,86 de fulmi-coton, éclataient après 500 coups environ ; tandis que ces mêmes fusils peuvent tirer, sans être mis hors de service, jusqu’à 30 000 coups avec une charge de 8 grammes de poudre ordinaire.

D’après le rapport de la même commission, le fulmi-coton employé dans les canons de bronze, met la bouche à feu hors de service, au bout de quelques coups, avec des charges qui n’ont rien d’exagéré, et qui équivalent en force, à celles de la poudre ordinaire, dans les mêmes bouches à feu.

Les mortiers en fonte étaient brisés par le tir avec le fulmi-coton. Quand on voulait lancer des projectiles creux dans ces pièces, ces projectiles creux chargés de fulmi-coton et de balles de plomb, éclataient dans le mortier même.

Le matériel ordinaire de notre artillerie