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pendant une heure ou une heure et demie, en le remuant de temps à autre avec les bâtons.

On le portait ensuite à une presse à eau, formée d’une vis en bois, d’un disque compresseur mû par cette vis, et d’un baril dont les parois, percées d’ouvertures, donnaient passage au liquide exprimé.

Pour débarrasser le coton des dernières traces d’acide, on le laissait tremper, pendant vingt-quatre heures, dans une lessive de cendres contenue dans de grands cuviers en bois. On le remuait de temps à autre, et l’on vérifiait l’état alcalin de la liqueur au moyen d’un papier rouge de tournesol. Tant que ce papier était ramené au bleu, la lessive servait à de nouvelles quantités de coton.

Au sortir du cuvier, le coton était remis dans les paniers en osier, au milieu de la rivière, et y subissait un dernier lavage et une dernière immersion d’une heure.

On le rapportait une seconde fois à la presse, pour en exprimer la majeure partie de l’eau retenue entre les filaments.

On le déposait enfin dans des paniers où il était conservé humide (quelquefois pendant plusieurs mois), jusqu’à ce que le temps permît de le sécher.

Un accident arrivé dans la sécherie chauffée par la vapeur, ayant prouvé qu’il pouvait y avoir explosion vers 44 degrés centigrades, on avait renoncé à l’emploi de toute chaleur artificielle. Le coton était étendu sur une toile claire et abandonné à l’air libre (fig. 168).

Fig. 168. — Séchage du fulmi-coton à l’air libre.

Dans les premiers temps, dit M. Maurey, on avait séché le pyroxyle au soleil, en l’étendant sur des draps de toile. Ce mode est l’un des plus expéditifs : en un jour on séchait 4 kilogrammes par drap de 2m, 80 de longueur sur 2 mètres de largeur. Cependant on cessa d’opérer ainsi lorsqu’on eut remarqué que l’insolation élevait la température du produit à un degré qui parut dangereux.

Après le séchage, le pyroxyle était trié et ouvert à la main ; on enlevait avec soin les points attaqués par des décompositions.

Enfin, on le renfermait dans les barils qui sont en usage pour conserver la poudre. On plaçait 10 kilogrammes de fulmi-coton pour un baril pouvant contenir 50 kilogrammes de poudre ordinaire, et 20 kilogrammes de fulmi-coton dans un baril destiné à contenir 100 kilogrammes de poudre.

En suivant le procédé qui vient d’être décrit, on obtenait, à la manufacture du Bouchet, 170 parties de fulmi-coton par 100 parties de coton sec.

Le prix de revient du fulmi-coton est, en moyenne, de 8 à 9 francs le kilogramme.

D’après les calculs de M. Maurey, le prix de revient du fulmi-coton préparé au Bouchet, serait d’environ trois fois celui de la poudre la plus chère et six fois celui de la poudre de mine. Il faudrait donc que le pyroxyle fût trois fois aussi fort que la première et six fois aussi fort que la seconde, pour que des effets égaux coûtassent le même prix. C’est à peu près, comme on le verra plus loin, la proportion qui existe entre les effets balistiques des deux produits. Le prix de revient du coton-poudre n’est donc pas beaucoup plus élevé que celui de la poudre ordinaire.

Au lieu de coton, on s’est quelquefois servi de papier ; ce papier fulminant produit le même effet que le fulmi-coton. Pour préparer le papier fulminant, on suit exactement les procédés qui viennent d’être décrits pour le fulmi-coton. Il faut seulement user de plus de précautions, pour que les feuilles de papier ne soient pas déchirées, ni réduites en pâte pendant les lavages.