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Fig. 8. — Louis Daguerre.

La perfection de tous ces tableaux était poussée si loin, que plus d’une fois on vit un spectateur jeter contre la peinture, des boulettes de papier, pour s’assurer si l’espace était devant lui, ou si c’était une simple toile.

Un fait qui a été cité par le secrétaire de la Société des beaux arts, prouve suffisamment la perfection de ces imitations de la nature.

    sable de se servir d’un corps très-transparent, dont le tissu doit être le plus égal possible. On peut employer de la percale ou du calicot. Il est nécessaire que l’étoffe que l’on choisit soit d’une grande largeur, afin d’avoir le plus petit nombre possible de coutures, qui sont toujours difficiles à dissimuler, surtout dans les grandes lumières du tableau.

    « Lorsque la toile est tendue, il faut lui donner de chaque côté au moins deux couches de colle de parchemin.

    premier effet

    « Le premier effet, qui doit être le plus clair des deux, s’exécute sur le devant de la toile. On fait d’abord le trait avec de la mine de plomb, en ayant soin de ne pas salir la toile, dont la blancheur est la seule ressource que l’on ait pour les lumières du tableau, puisque l’on n’emploie pas de blanc dans l’exécution du premier effet. Les couleurs dont on fait usage sont broyées à l’huile, mais employées sur la toile avec de l’essence, à laquelle on ajoute quelquefois un peu d’huile grasse, seulement pour les vigueurs, que du reste on peut vernir sans inconvénient. Les moyens que l’on emploie pour cette peinture ressemblent entièrement à ceux de l’aquarelle, avec cette seule différence que les couleurs sont broyées à l’huile au lieu de gomme, et étendues avec de l’essence au lieu d’eau. On conçoit qu’on ne peut employer ni blanc, ni aucune couleur opaque quelconque par épaisseurs, qui feraient, dans le second effet des taches plus ou moins teintées, selon leur plus ou moins d’opacité. Il faut tacher d’accuser les vigueurs au premier coup, afin de détruire le moins possible la transparence de la toile.

    deuxième effet

    « Le second effet se peint derrière la toile. On ne doit avoir, pendant l’exécution de cet effet, d’autre lumière que celle qui arrive du devant du tableau en traversant la toile. Par ce moyen, on aperçoit en transparent les formes du premier effet ; ces formes doivent être conservées ou annulées.

    « On glace d’abord sur toute la surface de la toile une couche d’un blanc transparent, tel que le blanc de Clichy, broyé à l’huile et détrempé à l’essence. On efface les traces de la brosse au moyen d’un blaireau. Avec cette couche, on peut dissimuler un peu les coutures, en ayant soin de la mettre plus légère sur les lisières dont la transparence est toujours moindre que celle du reste de la toile. Lorsque cette couche est sèche, on trace les changements que l’on veut faire au premier effet.

    « Dans l’exécution de ce second effet, on ne s’occupe que du modelé en blanc et noir, sans s’inquiéter des couleurs du premier tableau qui s’aperçoivent en transparent ; le modelé s’obtient au moyen d’une teinte dont le blanc est la base et dans laquelle on met une petite quantité de noir de pêche pour obtenir un gris dont on détermine le degré d’intensité en l’appliquant sur la couche de derrière et en regardant par devant pour s’assurer qu’elle ne s’aperçoit pas. On obtient alors la dégradation des teintes par le plus ou moins d’opacité de cette teinte.

    « Il arrivera que les ombres du premier effet viendront gêner l’exécution du second. Pour remédier à cet inconvénient, et pour dissimuler ces ombres, on peut en raccorder la valeur au moyen de la teinte employée plus ou moins épaisse, selon le plus ou moins de vigueur des ombres que l’on veut détruire.

    « On conçoit qu’il est nécessaire de pousser ce second effet à la plus grande vigueur, parce qu’il peut se rencontrer que l’on ait besoin de clairs à l’endroit où se trouvent des vigueurs dans le premier.

    « Lorsqu’on a modelé cette peinture avec cette différence d’opacité de teintes, et qu’on a obtenu l’effet désiré, on peut alors la colorer en se servant des couleurs les plus transparentes broyées à l’huile. C’est encore une aquarelle qu’il faut faire ; mais il faut employer moins d’essence dans ces glacis, qui ne deviennent puissants qu’autant qu’on y revient à plusieurs reprises et qu’on emploie plus d’huile grasse. Cependant, pour les colorations très-légères, l’essence seule suffit pour étendre les couleurs.

    éclairage

    « L’effet peint sur le devant de la toile est éclairé par réflexion, c’est-à-dire seulement par la lumière qui vient du devant, et le second reçoit sa lumière par réfraction, c’est-à-dire par derrière seulement. On peut dans l’un et l’autre effet employer à la fois les deux lumières pour modifier certaines parties du tableau.

    « La lumière qui éclaire le tableau par devant doit, autant que possible, venir d’en haut ; celle qui vient par derrière doit arriver par des croisées verticales ; bien entendu que