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dans son mouvement un curseur sur un arc de cercle gradué. Les deux pendules se meuvent exactement dans le même plan. Le pendule auquel est attaché le canon de fusil porte à sa partie inférieure un disque métallique, D, qui, se déplaçant, change la position du centre de gravité de l’appareil, et en même temps la ligne de tir ; il est facile à l’aide de ce mécanisme, de viser directement dans le récepteur.

Quand le coup part, chaque pendule est mis en mouvement : celui du récepteur E, par l’action du projectile qui l’a frappé, et celui du canon AB, par l’effet du recul. Ce dernier effet est un élément important à considérer, mais non pas le plus important. L’effet que le récepteur a ressenti du choc direct de la balle est celui que l’on doit reconnaître comme vraiment utile. On note d’ailleurs avec soin l’un et l’autre de ces écarts au moyen du cercle gradué et du curseur.

Des formules mathématiques ont été calculées, sur ces deux données, pour représenter la puissance balistique de la poudre expérimentée.

On admettait autrefois que la puissance de la poudre est proportionnelle au recul de l’arme ; mais cette relation a été reconnue fausse. Or, jusqu’à l’invention du fusil-pendule qui enregistre à la fois la force de recul et la vitesse du projectile, toutes les anciennes éprouvettes à poudre étaient construites sur ce principe. Le fusil-pendule est donc le seul instrument auquel on puisse accorder confiance pour déterminer la véritable puissance de la poudre.

On a construit sur le même principe le pistolet-pendule et le canon-pendule. La forme de l’appareil est la même que pour le fusil-pendule : l’arme à essayer varie seule. Il serait donc inutile d’en parler avec plus de détail.

Il est une manière très-simple d’essayer la poudre : on en place une pincée sur une feuille de papier blanc. On s’assure d’abord si les grains sont de la même grosseur, et s’il n’y a pas de poussière, conditions d’une combustion régulière. Ils doivent être bien secs et ne pas se laisser écraser trop facilement sous le doigt, ni tacher le papier. Si dans la masse il se trouvait des efflorescences blanches, ce serait la preuve que sous l’influence de l’humidité, une partie du salpêtre a disparu. Enfin on l’enflamme. Une bonne poudre doit brûler très-vite, et ne laisser qu’une petite tache sur le papier. Des grains restés intacts montreraient que le salpêtre n’a pas été suffisamment purifié ; des taches jaunes ou noires, que le soufre ou le charbon sont en excès.

Ce moyen peut surtout servir à connaître si une poudre donnée n’a pas perdu de ses qualités depuis sa fabrication.

La poudre à tirer, bien qu’on en fasse usage depuis quatre ou cinq siècles, est restée à peu près stationnaire au milieu du progrès général. Elle présente encore aujourd’hui de nombreux défauts, non que les études approfondies lui aient manqué, mais parce qu’elle est, de sa nature, peu perfectible. Il est difficile de rien changer aux éléments qui la composent, ou aux proportions de ces éléments ; dès lors sa fabrication ne peut subir que des changements très-secondaires.

Au nombre des défauts de la poudre, et en première ligne, il faut mentionner les dangers des manipulations diverses, des transports, de sa conservation dans les magasins ; enfin les accidents auxquels sont exposés les soldats pendant qu’ils chargent leur arme, à cause des inflammations spontanées, qui sont malheureusement assez fréquentes.

Un autre défaut de la poudre, c’est son humidité, causée par l’hygrométricité du charbon, défaut impossible à prévenir. Quoi qu’on fasse pour empêcher les poudres d’absorber l’humidité de l’air, au bout d’un certain nombre d’années, on est obligé de les renvoyer à la fabrique, de les réduire en poussier et de les soumettre de nouveau aux diverses opérations du grenage et du lissage.