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impunément un tison brûlant. Mais passez le tout au tamis, le verre pulvérisé traverse le crible, la poudre reste, et reprend ses propriétés primitives.

Bien que l’inventeur anglais ait fait breveter son procédé, le principe qu’il emploie n’a rien de nouveau. On savait, en effet, par les expériences de M. Piobert, que nous venons de rapporter, qu’en mêlant à la poudre du charbon ou du salpêtre pulvérisés, on peut lui enlever, plus ou moins complètement, ses propriétés explosives. M. Piobert, outre les substances dont nous avons parlé, avait essayé, dans le même but, le sable ; mais les grains de sable n’étant pas tous de même grandeur, il est difficile de les séparer complètement de la poudre au moment où l’on veut s’en servir ; et le charbon, qu’il recommandait plus particulièrement, attire l’humidité et pourrait gâter la poudre. Le verre pilé est donc préférable aux diverses matières essayées par M. Piobert.

Il reste pourtant à savoir si la nécessité de tamiser la poudre avant d’en faire usage, ne constituerait pas un obstacle sérieux à la pratique de tous ces procédés. Il faudrait peut-être restreindre l’emploi de cette méthode aux cas où il s’agirait simplement de transporter de grandes masses de poudre destinées à la vente.

La publication du procédé de M. Gale faite dans les journaux français, en 1862, a amené une réclamation de la part de M. Pascalis, pharmacien à Bar-sur-Seine, en faveur d’un de ses compatriotes, nommé Boyer, natif d’Aups, dans le Var, et mort en 1840, à la suite de fatigues et de privations causées par sa persévérance dans ses recherches.

Boyer avait trouvé un moyen fort intéressant, sinon très-efficace, de mettre la poudre hors d’état de brûler dans les magasins. Il en avait fait l’expérience devant une commission présidée par le général Gourgaud. Son secret consistait à mêler à la poudre du gaz acide carbonique, qui a la propriété d’éteindre les corps en ignition. Une simple agitation au grand air, suffisait pour débarrasser la poudre de ce gaz, et lui rendre sa propriété explosive.


CHAPITRE VIII

produits de l’explosion de la poudre. — analyse des gaz résultant de sa combustion. — température des gaz. — manière d’évaluer la force de la poudre de guerre. — le mortier-éprouvette. — le fusil-pendule.

Les corps, gazeux ou solides, qui se forment pendant l’explosion de la poudre, ont été analysés par les chimistes avec un soin extrême. On a déterminé la quantité des gaz formés par un poids donné de poudre, la composition de ces gaz, leur température, et la force élastique qui les anime.

D’après les expériences faites par MM. Bunsen et Schischkoff, en 1859, les produits de la combustion de 100 grammes de poudre, sont les suivants :

Produits gazeux : gr.    litres.
Acide carbonique 
20,12 = 10,171
Azote 
9,98 = 7,940
Oxyde de carbone 
0,94 = 0,749
Hydrogène 
0,02 = 0,234
Acide sulfhydrique 
0,18 = 0,116
Oxygène 
0,14 = 0,100
  31,38 = 19,310


Produits solides : gr.
Sulfate de potasse 
42,27
Carbonate de potasse 
12,64
Hyposulfite de potasse 
3,27
Sulfure de potassium 
2,13
Sulfocyanure de potassium 
0,30
Azotate de potasse 
3,72
Charbon 
0,73
Soufre 
0,14
Carbonate d’ammoniaque 
2,86
  68,06

La combustion est incomplète, puisque d’une part il reste de l’oxygène libre, et d’autre part du charbon et du soufre, qui auraient pu être brûlés tous les deux si l’oxygène eût existé en quantité suffisante.

Au moment de l’explosion, il se produit une élévation de température telle que les