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les petits grains de sable qu’il contient et qui pourraient causer des accidents pendant la fabrication de la poudre au moyen des meules.

Le blutoir employé dans les manufactures de poudre, pour tamiser le soufre, est semblable au blutoir ordinaire qui sert à préparer les farines. Il consiste en un cylindre long de 2 à 3 mètres, dont la carcasse de bois est recouverte d’un tissu de soie très-serré. Il est renfermé tout entier dans une caisse de bois, pour éviter la déperdition des poussières projetées par la rotation du cylindre. Le bas de la caisse est partagé en deux ou trois compartiments, par des cloisons parallèles entre elles et perpendiculaires à l’axe du cylindre. On introduit le soufre pulvérisé, par la partie supérieure du cylindre. Les portions les plus fines et les plus légères se tamisent les premières, passent dans le premier compartiment et de là dans le second et le troisième. Les grains de sable, s’il s’en trouve, étant trop gros pour traverser les mailles de la soie, sont ainsi séparés du soufre.

Les trois éléments de la poudre de chasse étant ainsi pulvérisés, ensemble ou séparément, l’ouvrier en pèse les quantités prescrites pour la composition de cette poudre, c’est-à-dire, comme on l’a vu plus haut, 78 parties de salpêtre, 12 parties de charbon et 10 de soufre. Pour opérer le mélange bien intime de ces trois substances, on les introduit dans les tonnes-mélangeoirs qui sont semblables aux tonnes de pulvérisation (fig. 157 et 158), si ce n’est qu’elles sont plus petites.

À la poudrerie d’Angoulême les tonnes à pulvérisation contiennent 280 kilogrammes de gobilles de bronze et 200 kilogrammes de matières à pulvériser, tandis que les tonnes-mélangeoirs ne renferment que 100 kilogrammes de billes et 100 kilogrammes du mélange, auquel on donne le nom de composition.

Le mélange est l’opération qui présente le plus de danger.

Au sortir des mélangeoirs, la composition est à l’état de poudre impalpable ; on l’humecte avec 4 pour 100 d’eau, et on la marche avec des sabots, pour lui donner de la consistance. Puis on la dispose sur une toile sans fin, laquelle passe entre les deux cylindres d’un laminoir, et on lui fait subir une pression qui varie de 1 000 à 1 500 kilogrammes. À ce moment, elle est propre à être divisée en galettes destinées à la granulation.

La granulation de la poudre de chasse s’opère, en général, dans des guillaumes disposés en deux séries parallèles, sur une planche mobile supportée par des cordes. La galette de poudre est réduite en fragments par l’agitation, et les grains passent à travers les trous d’un crible contenu dans l’intérieur du guillaume. Le diamètre de ces trous détermine la grosseur du grain de poudre.

La figure 159 représente cet appareil. La planche AB suspendue au plafond, par des cordes, reçoit son mouvement d’une manivelle DK, dont l’extrémité inférieure engrène, au moyen des roues d’angle H, H, avec l’arbre qui transmet la force motrice.

Les guillaumes sont renfermés dans des boites C, C′, C″, pour éviter la déperdition des poussières. Chacune de ces boîtes, pourvue d’un entonnoir E, pour y introduire la galette, présente à sa partie inférieure une ouverture donnant passage à un tube flexible G, lequel permet à la poudre grenée de se rendre dans des barils, F. Dans toutes les opérations des poudreries, ces barils servent au transport des matières d’un appareil à un autre.

Le diamètre de l’ouverture par laquelle s’écoule la poudre de chasse, en grain, est de 1mm,20.

Tel est le procédé pour la préparation de la poudre de chasse dite fine. Les poudres de chasse dites super fine et extra-fine, se préparent non dans les tonnes de pulvérisation, mais avec les meules, afin d’obtenir une division des matières beaucoup plus grande et un mélange plus intime.

Les meules dites légères, sont en marbre,