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retiennent, c’est-à-dire de la dissolution au sein de laquelle ils ont cristallisé, et qui les imprègne encore.

Il ne reste plus qu’à laisser égoutter les cristaux et à les sécher. On emploie, à cet effet, la chaleur perdue par les fourneaux dans lesquels se fait l’évaporation d’autres liqueurs. Sur la figure 146 qui représente le fourneau et la chaudière à évaporation, on voit la disposition qui permet de profiter de la chaleur du fourneau pour sécher les cristaux de salpêtre. Les cristaux du sel à dessécher sont placés dans une cavité en maçonnerie, B, et chauffés au moyen des carneaux C, C, par l’air chaud, qui se rend dans la cheminée, en sortant du foyer.

En terminant ce qui concerne le salpêtre, nous ajouterons qu’il existe un azotate naturel, qui pourrait servir, sans aucune purification, à préparer la poudre : c’est l’azotate de soude, que l’on trouve au Pérou en quantités considérables. On a plusieurs fois essayé de substituer cet azotate de soude à l’azotate de potasse, dans les manufactures de poudre ; mais on a reconnu que la poudre préparée avec ce produit naturel n’a pas une force explosive suffisante, et l’on a dû s’en tenir au salpêtre à base de potasse.

Charbon. — Le charbon est l’élément essentiel de la poudre ; on n’a jamais songé à le remplacer par un autre combustible. On ne trouverait pas, en effet, de corps plus maniable, à meilleur marché, et donnant, par sa combinaison avec l’oxygène, un aussi grand volume de gaz.

Le charbon dont on se sert pour la préparation de la poudre, provient du bois décomposé par la chaleur.

Le bois est un corps très-complexe, formé d’un grand nombre de combinaisons diverses entre les quatre éléments dont il se compose, et qui sont le carbone, l’hydrogène, l’oxygène et l’azote.

La carbonisation, c’est-à-dire l’extraction du charbon, du bois qui le renferme, consiste à placer le bois à l’abri de l’oxygène de l’air, afin qu’il ne brûle pas ; puis à le porter à une température telle que les nombreux composés des quatre corps simples cités plus haut, ne pouvant résister à l’élévation de la température, se dissocient, et forment des combinaisons d’un ordre plus simple, en général gazeuses, en laissant comme résidu fixe et infusible, le charbon. Par l’action de la chaleur, l’oxygène du bois se dégage à l’état d’acide carbonique et d’oxyde de carbone, l’hydrogène à l’état de vapeur d’eau ou d’hydrogène carboné, l’azote à l’état de corps simple, ou bien associé à l’hydrogène, et formant de l’ammoniaque, ou plutôt du carbonate d’ammoniaque. Le charbon, matière fixe et infusible, constitue le résidu de cette décomposition.

Pendant longtemps, en France, on a préparé le charbon de bois destiné aux ménages, dans des meules bâties au milieu des forêts, avec les branches des arbres ; et cette opération est encore en usage dans beaucoup de pays.

Fig. 147. — Coupe verticale d’une meule à charbon de bois.

Les meules des charbonniers sont des assemblages de branches d’arbres, recouverts de terre à leur partie supérieure. Au centre, on plante une perche (fig. 147), et l’on appuie tout autour les premiers fagots du bois à carboniser ; de telle sorte qu’il reste un espace libre plein d’air, qu’on a soin de faire communiquer avec l’extérieur, par un canal ménagé entre les autres fagots. Ces fagots sont disposés par couches parallèles, et appliqués les uns contre les autres, sans vide intermédiaire. Quand la meule