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Fig. 131. — Machine à fronde, en usage au xiiie siècle, pour lancer le feu grégeois.


avec exactitude la date première de leur emploi. Nous allons maintenant les voir pénétrer en Europe.

Ce n’est qu’au viie siècle après J.-C, que les mélanges incendiaires, depuis si longtemps en usage chez les Orientaux, furent introduits en Europe. Callinique, architecte syrien, avait appris à préparer ces mélanges en Asie. C’est à lui que les Grecs du Bas-Empire durent la connaissance de ces composés, qui furent désignés depuis ce moment sous le nom de feu grégeois, et qui devaient exercer une influence si puissante sur les destinées de l’empire d’Orient.

Callinique se trouvait en Syrie lorsque, en 674, pendant la cinquième année du règne de Constantin Pogonat, les Arabes, sous la conduite du calife Mouraïra, vinrent mettre le siége devant Constantinople. Callinique, passant secrètement dans le parti des Grecs, se rendit dans la capitale de l’empire, et vint faire connaître à l’empereur Constantin les propriétés et le mode d’emploi des compositions incendiaires, dont il se dit l’inventeur. Grâce à ce secours inattendu, l’empereur put repousser l’invasion des Sarrasins, qui, pendant cinq années consécutives, revinrent, avec des forces nouvelles et des flottes considérables, mais furent chaque fois contraints de lever le siége.

Depuis le neuvième siècle jusqu’à la prise de Constantinople par les croisés, en 1204, les Byzantins durent au feu grégeois de nombreuses victoires navales, qui retardèrent la chute de l’empire d’Orient. Aussi les empereurs du Bas-Empire apportaient-ils la plus sévère attention à réserver pour leurs seuls États la possession de cet agent précieux. Ils ne confiaient sa préparation qu’à un seul ingénieur qui ne devait jamais sortir de Constantinople, et, selon M. Lalanne, cette