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marquable perfectionnement du stéréoscope ordinaire, puisque, au lieu d’une seule personne, ce sont plusieurs personnes qui pourront jouir à la fois des effets de l’instrument. L’illusion du relief produite par le stéréoscope diminue de beaucoup, et quelquefois manque totalement, pour l’observateur qui a les deux yeux d’une portée de vue très-différente (et nous sommes nous-même dans ce cas). Cette inégalité dans le foyer visuel de chaque œil n’est plus un empêchement, avec l’instrument de Claudet, pour jouir du spectacle stéréoscopique.

Un photographe français, M. Quinet, a réclamé la priorité de l’invention de cet instrument, qu’il aurait imaginé en 1853, et désigné sous le nom de quinétoscope.

Autre appareil stéréoscopique. — Dans ces derniers temps, on est parvenu à obtenir, par des moyens assez variés, l’effet stéréoscopique, que l’on n’avait pu produire d’abord qu’avec l’appareil à miroirs de M. Wheatstone, ou avec l’appareil à deux prismes de Brewster.

Dans le stéréoscope ordinaire, c’est-à-dire dans le stéréoscope de Brewster, aujourd’hui si populaire, chacun, on le sait, doit observer à son tour. Dans l’appareil de M. Claudet, dont nous venons de donner la description, deux ou trois personnes peuvent observer à la fois. M. Ch. d’Almeida, professeur de physique dans un des lycées de Paris, s’est proposé d’obtenir une disposition telle, que les images fussent agrandies jusqu’à devenir visibles à plusieurs mètres de distance, et que les illusions du relief pussent être aperçues, comme dans l’instrument de Claudet, des divers points de la salle où s’exécute l’expérience.

M. d’Almeida a fait connaître deux moyens différents qui permettent d’obtenir ce résultat, c’est-à-dire de rendre les images stéréoscopiques visibles à la fois à un grand nombre de spectateurs.

Voici le premier de ces procédés.

On projette sur un écran les images de deux épreuves stéréoscopiques. On rapproche les deux images projetées sur l’écran, de manière, non à les superposer trait pour trait, ce qui est impossible, car elles ne sont pas identiques, mais à les mettre à peu près dans la position relative où se serait présenté l’objet même. Ainsi superposées, nos deux images forment sur l’écran un enchevêtrement de lignes qui n’offre que confusion. Il faut, pour que la vision distincte ait lieu, que chacun des deux yeux n’en voie qu’une seule : celle de la perspective qui lui convient. À cet effet, et c’est en cela que consiste la découverte vraiment originale de M. d’Almeida, on place sur le trajet des rayons lumineux, deux verres teints de couleurs qui n’aient de commun aucun élément ou presque aucun élément simple du spectre. L’un est le verre rouge bien connu des physiciens, l’autre un verre vert que l’on trouve dans le commerce. Au moyen de ces verres colorés, l’une des images projetées sur l’écran est rendue verte, l’autre rouge. Si, dès lors, on place devant les yeux ces verres rouges et verts, l’image verte se montre seule à l’œil qui est recouvert du verre vert, l’image rouge à celui qui regarde à travers le verre rouge, et tout aussitôt le relief apparaît.

On peut se déplacer devant l’écran, le phénomène subsiste en présentant les modifications que les notions de la perspective peuvent faire prévoir. Une de ces modifications très-curieuses est celle que l’on observe en se déplaçant latéralement. Il semble alors que l’on voie tous les changements qu’on apercevrait si l’on était devant des objets réellement en relief. Les objets du premier plan semblent marcher en sens inverse du mouvement du spectateur, ce qui ajoute à l’illusion.

Dans son second procédé, M. d’Almeida laisse les images incolores. C’est en interrompant tour à tour le rayon visuel de chacun des yeux, que l’on arrive à ne faire voir à l’œil