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la réflexion de la lumière, l’angle d’incidence CDF sera égal à l’angle de réflexion EDF. Si donc on place son œil au point E, ce n’est pas l’image réelle de l’objet C que l’on verra, mais bien l’image C′, qui n’en est que la représentation virtuelle, et qui paraît située derrière le miroir. L’expérience a prouvé que ce point C′ est toujours symétrique au point C, c’est-à-dire que C′ est placé à la même distance que C du miroir AB ; de plus, que la ligne AB, représentée par le miroir, et que l’on appelle axe de la symétrie, est perpendiculaire à une ligne qui joindrait les points C et C′. Il est établi encore, que quand le rayon émané d’un point lumineux arrive à l’œil, après avoir subi, par des causes quelconques, un ou plusieurs changements de direction, l’impression reçue est celle que produirait un point lumineux situé quelque part sur le prolongement géométrique de la dernière direction de ce rayon. Ce principe explique encore comment, lorsqu’on place face à face deux miroirs plans, on voit les objets placés entre ces deux réflecteurs se multiplier à l’infini. C’est ainsi que l’on a produit de très-belles illusions d’optique et que l’on simule, par exemple, des salles d’une profondeur infinie.

Qu’arrivera-t-il, si nous remplaçons le miroir plan par un prisme ? Le rayon incident RI (fig.121) tombe obliquement sur la surface AB du prisme ABC. D’après les lois de la réfraction, le rayon lumineux, changeant de milieu, se réfracte d’abord dans le verre, en se rapprochant de la perpendiculaire, et prend la direction I′. Arrivé là, il subit une nouvelle déviation, et en sortant du verre pour passer dans l’air, il s’écarte de la perpendiculaire, et prend la direction I′E. Ainsi le rayon parti de R viendra frapper l’œil placé au point E. Le rayon incident a donc été brisé deux fois, suivant II′, puis suivant I′E, de manière à être ramené vers la base du prisme. L’œil placé en E n’aperçoit pas l’objet réel situé en R ; ce qui le frappe, c’est l’image virtuelle de cet objet, qui est située sur le prolongement géométrique de la direction du rayon réfracté I′E, et qui est placée en E′. L’image paraît ainsi remonter vers le sommet du prisme.

Fig. 121. — Marche des rayons lumineux dans le prisme réflecteur.

Il était donc possible de remplacer, dans le stéréoscope de M. Wheatstone, le miroir plan par un prisme dont l’angle fût placé de telle sorte que la réflexion des rayons lumineux s’opérât dans son intérieur, comme dans un miroir plan. C’est ce que fit Brewster. Aux miroirs plans employés pour faire réfléchir les deux images stéréoscopiques, il substitua deux prismes, à l’intérieur desquels la réflexion de ces images s’opère comme elle s’opérait à la surface des miroirs plans employés par M. Wheatstone.

Les avantages pratiques qui résultent de cette substitution, se comprennent aisément. Le stéréoscope à miroirs occupait une grande place, et constituait un véritable appareil de cabinet de physique ; par ses dimensions, le stéréoscope à prismes est, au contraire, un véritable instrument de salon.

Le stéréoscope à prismes ou stéréoscope de Brewster (fig. 122) est une boîte de substance opaque, ayant à peu près 0m,10 de largeur à sa partie inférieure sur 0m,13 de hauteur. Il porte à sa partie supérieure, deux tuyaux de lorgnette, qui appellent l’application des yeux. Dans chacun de ces tuyaux est placé