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lui-même horizontalement à la manière ordinaire, sur une table ou sur un support. Avec cette chambre obscure renversée, on peut prendre l’impression photographique des pièces anatomiques et autres dans les conditions qu’exige leur reproduction.

Grâce à l’emploi des lentilles simples et de l’appareil renversé, M. Rousseau a pu obtenir des résultats d’une certaine importance pour l’application de la photographie aux études scientifiques. Mais c’est à un savant français, M. Bertsch, qu’appartient le mérite d’avoir créé la méthode qui sert à reproduire par la photographie, les détails de l’organisation des tissus végétaux ou animaux vus au microscope.

On sait quelle importance a prise, dans notre siècle, la connaissance de la structure intime des tissus des animaux et des plantes, dispositions qui ne sont visibles qu’au microscope. Il était de la plus grande utilité de pouvoir fixer sur le papier ces images fugitives que l’on aperçoit quand on soumet au microscope un tissu organique, pour reconnaître sa structure, ou quand on examine à l’aide des mêmes instruments, les corps organisés qui flottent dans les divers liquides physiologiques. La photographie est venue donner le moyen de fixer et de conserver ces images, de composer des tableaux, pris sur nature, des différents aspects que présentent tous les tissus de l’économie animale ou végétale, dans l’état normal ou pathologique.

La méthode qui sert à obtenir ces spécimens instructifs, est toujours, en principe, la méthode générale d’agrandissement, qui consiste à éclairer très-fortement l’objet lui-même, ou une épreuve photographique, déjà obtenue en petite dimension ; puis à amplifier cette image, en lui faisant traverser la lentille d’une sorte de lanterne magique, enfin à fixer par les procédés photographiques ordinaires, cette image amplifiée.

Pour obtenir cette amplification, et pour fixer sur le papier les images amplifiées, il faut des appareils d’optique particuliers et très-délicats. C’est à M. Bertsch, avons nous-dit, qu’est due la création de tout le système de reproduction des objets microscopiques. Non-seulement M. Bertsch a réalisé le premier cette belle et utile application de la photographie, mais c’est à lui que l’on doit l’invention des instruments d’optique et des dispositions opératoires qui permettent, en général, de photographier les infiniment petits.

C’est en 1851 que M. Bertsch présenta à l’Académie des sciences de Paris, les premières épreuves microscopiques sur papier, faites à des grossissements forts et avec netteté. Voici les principes optiques que M. Bertsch posa, dès cette époque, comme indispensables à la réussite de ce genre de travail, et sur lesquels il fonda la construction de ses instruments.

1o Le faisceau de lumière solaire est reçu, au moyen d’un prisme à réflexion totale, sur un condensateur convergent ; grâce à un système optique divergent interposé sur son trajet, ce faisceau lumineux est ensuite converti en rayons parallèles, comme s’il venait directement de l’infini.

2o Ces rayons sont reçus dans un appareil de polarisation chromatique, donnant à volonté toutes les couleurs simples du spectre, afin que le champ et l’objet soient éclairés, quel qu’en soit le ton, par de la lumière homogène.

Par ce mode d’éclairage, les objectifs amplifiants se trouvent achromatisés également pour l’œil et pour les rayons photographiques. Avant l’application de ce système, on n’avait pu tirer parti du microscope solaire, instrument imparfait au point de vue de l’application dont il s’agit, et qu’il fallait d’abord réformer. En effet, entre le foyer de l’image optique visible et celui de l’image chimique invisible, la différence pouvait être de 20, de 30 centimètres, ou même de 50 centimètres, sans qu’on s’en aperçût.

Voici ce que fit M. Bertsch pour les agran-