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sant, au premier et au troisième quartier, le temps de pose est de vingt à trente secondes.

On sait que la surface de la lune, vue au télescope, présente un aspect volcanique : elle est percée d’immenses trous, qui ressemblent à des cratères aux bords évasés. Elle présente en d’autres points, des espaces sans relief, qu’on a appelés mers. Quand on prend à un intervalle déterminé deux épreuves photographiques de la lune, ces épreuves diffèrent par suite du déplacement de notre satellite, et si l’on calcule bien l’intervalle à laisser entre ces deux images, on peut obtenir des épreuves qui, vues dans le stéréoscope, font apparaître la surface de cet astre avec la profondeur de ses cratères et la saillie de ses montagnes, de manière à vivement impressionner le spectateur.

Les images photographiques de la lune formées au foyer du miroir du télescope de Foucault, sont très-petites, mais au lieu d’en tirer directement des épreuves positives, on les soumet à la méthode d’agrandissement suivant les procédés que nous avons décrits.

« Le temps nécessaire à la production d’une image de la lune varie beaucoup, dit M. de la Rue. Il dépend de la sensibilité du collodion, de l’altitude de la lune et de sa phase. J’ai obtenu récemment une image instantanée de la pleine lune ; ordinairement il faut de deux à cinq secondes pour obtenir une bonne et forte épreuve de la pleine lune. Il est très-important que le collodion soit aussi parfait que possible, que l’opérateur ait les mains très-propres, que les appareils soient entièrement débarrassés de la poussière. Pour la lune à l’état de croissant, au premier et au troisième quartier, et dans les mêmes circonstances atmosphériques, le temps de pose varie de vingt à trente secondes. Dans un temps plus court les détails du limbe obscur ne s’impressionneraient pas ou ne deviendraient pas visibles.

« Les portions de la lune situées près du limbe obscur se photographient avec une grande difficulté ; et il faut souvent six fois plus de temps pour obtenir les portions éclairées très-obliquement que pour obtenir d’autres portions moins lumineuses en elles mêmes, mais plus favorablement éclairées. Les régions élevées dans le voisinage de la portion sud de la lune sont copiées plus facilement que les régions basses appelées communément mers, et je me suis hasardé à dire ailleurs que la lune peut avoir une atmosphère très-dense, mais très-peu étendue ou haute ; il me semble que cette opinion reçoit quelque confirmation d’une observation faite récemment par le R. P. Secchi, et qui tend à prouver que la surface de la lune polarise plus la lumière sur les régions basses et au fond des cratères, que sur les sommets ou sur les crêtes des montagnes où la polarisation n’est pas appréciable[1]. »

La figure 101 (page 156) représente une vue photographique de la lune, prise par M. Warren de la Rue. Cette gravure a été exécutée d’après une épreuve stéréoscopique. Pour que le lecteur puisse se rendre compte des parties de notre satellite rendues par la photographie dans la figure 101, nous avons mis sous ses yeux (fig. 99, page 153), un très-beau dessin de la pleine lune, d’après l’astronome Bullard.

Photographie du soleil. — Il nous reste à parler de la reproduction photographique du soleil. Cette importante et merveilleuse opération s’exécute tous les jours, depuis l’année 1858, dans l’observatoire de Kew (à moins que le ciel ne soit couvert), et ces épreuves, que l’on conserve avec soin, seront des matériaux précieux pour l’histoire physique de l’astre central de notre monde.

Pour prendre une photographie du soleil, on ne peut pas recevoir directement l’image de son disque sur la plaque collodionnée, en raison de sa trop grande intensité lumineuse. Il faut, comme le faisait Galilée, au dix-septième siècle, et comme le firent, à son exemple, les astronomes du dix-huitième siècle, faire réfléchir le disque solaire sur un miroir plan et recevoir les rayons de cette image réfléchie dans une lunette de 2 à 3 pouces d’ouverture, munie d’un oculaire grossissant. Au foyer de cette lentille on place, dans une petite chambre noire, la plaque collodionnée qui doit recevoir l’image.

Il faut monter le miroir équatorialement, et placer la lunette dans le plan du méridien, incliné à l’horizon d’un angle égal à la lati-

  1. Cosmos, 1860.