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variable selon l’astre considéré, on retire la plaque collodionnée qui a reçu l’impression lumineuse, et on fixe l’image par les moyens ordinaires. Le cliché ainsi obtenu sert à obtenir des épreuves positives sur papier.

Tels sont les moyens qui servent à obtenir les images photographiques des planètes, comme aussi celles des étoiles fixes. M. Warren de la Rue a copié, de cette manière, le groupe des Pléiades. Les Nébuleuses ne donnent pas d’impression.

Les planètes laissent une traînée noire, assez nettement terminée, si le temps est beau, mais en tous cas, peu prononcée, le pouvoir photogénique des planètes étant très-faible. Les étoiles fixes laissent une traînée bien distincte, car elles s’impriment avec une grande rapidité ; mais pour peu que l’atmosphère soit troublée, la traînée est extrêmement irrégulière. Il y a plus, c’est au microscope qu’il faut chercher la trace des étoiles sur l’épreuve photographique, car à l’œil nu on ne voit rien.

M. Warren de la Rue a indiqué un moyen simple de rendre plus apparente l’image des étoiles, c’est de ne pas les mettre exactement au point, ce qui les étale en cercles, mais alors le temps de pose est plus long et les perturbations atmosphériques beaucoup plus funestes à la régularité de leurs images.

Il est plus difficile d’obtenir les photographies des planètes, dont le pouvoir photogénique est très-faible, comme nous l’avons déjà dit. M. de la Rue y est pourtant parvenu, grâce à une réunion de circonstances favorables, c’est-à-dire une atmosphère parfaitement calme, et à un mécanisme équatorial assez bien réglé pour maintenir pendant plusieurs minutes l’image de l’astre immobile au centre du télescope. C’est ainsi que M. de la Rue a obtenu l’image photographique de la planète Jupiter, avec ses bandes, celle de la planète Saturne, avec son anneau, et celle de Mars, avec sa surface irrégulière.

Le même expérimentateur a pu obtenir des épreuves stéréoscopiques de ces planètes ; si bien, résultat merveilleux, que ces images apparaissent dans le stéréoscope, avec le relief qu’elles ont dans la nature. Pour atteindre ce résultat, M. de la Rue a pris deux épreuves de ces planètes après qu’elles avaient tourné d’une faible quantité par leur mouvement de translation. Deux images de Mars par exemple, prises à deux heures d’intervalle, correspondent, pour cette planète, à une rotation de 30 degrés ; et deux images de Saturne, prises à trois ans et demi d’intervalle, donnent une image stéréoscopique, par rapport à l’anneau et à la planète.

M. de la Rue a ainsi exécuté à la main, d’après ses photographies, des dessins stéréoscopiques, qui ont excité un juste étonnement.

Photographies de la lune. — Le déplacement des planètes est, relativement, peu considérable, pendant le court espace de temps nécessaire à la production d’une épreuve photographique. Mais il n’en est pas de même de la lune, ainsi que des comètes, dont la marche dans le ciel est très-rapide. En outre, le mouvement de la lune n’est pas parallèle à l’équateur céleste, mais incliné sur cette ligne, de sorte qu’un télescope monté équatorialement à la manière ordinaire, ne peut servir dans ce cas. Il faut donc faire usage de dispositions particulières : connaître le mouvement en ascension droite de la lune, au moment où l’on opère, et régler là-dessus le pendule de l’horloge ; et de plus, modifier le cercle de déclinaison que porte la monture équatoriale, de manière à faire parcourir au télescope précisément l’arc que parcourt la lune en déclinaison.

Tout cela n’est pas sans présenter de grandes difficultés. Elles ont pourtant été vaincues par différents astronomes, tels que le P. Secchi, à Rome, MM. Warren de la Rue et Airy en Angleterre, M. Schmidt à Athènes, M. Rutherford, à New-York. Il faut de deux à cinq secondes pour obtenir une épreuve de la pleine lune. Pour la lune à l’état de crois-