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ment identiques avec le modèle photographique.

Les premières gravures obtenues par le procédé de M. Niépce de Saint-Victor, étaient loin d’être parfaites. Si elles présentaient quelquefois une certaine délicatesse dans les traits, elles offraient beaucoup d’empâtements grossiers dans les ombres. Ce n’étaient guère que des ébauches, qui exigeaient, pour être terminées, le secours du burin.

M. Niépce de Saint-Victor a perfectionné ses premiers essais, en modifiant la nature et les proportions des dissolvants employés pour enlever les parties du bitume non impressionnées par la lumière. En ajoutant à ce bitume divers composés organiques, tels que l’éther sulfurique ou diverses essences, il est parvenu à abréger le temps de l’exposition à la lumière. C’est ainsi qu’il a réussi à impressionner, dans la chambre obscure même, la plaque d’acier revêtue de l’enduit sensible de bitume de Judée.

Toutefois, le but que s’était proposé l’auteur de ces recherches, et qu’il a poursuivi pendant plusieurs années, n’a pas été atteint d’une manière complète. Le problème de la gravure photographique exige que la planche métallique gravée, s’obtienne par le seul concours de la méthode chimique, et sans que l’on ait recours au travail ultérieur du graveur, à l’action du burin, pour corriger ou terminer la planche. Or, c’est là un résultat qui ne put être atteint par M. Niépce de Saint-Victor, Les planches sur acier, qu’il obtenait en suivant le procédé que nous venons de décrire, avaient toujours besoin, pour être terminées et pouvoir servir au tirage, de subir de longues retouches, un travail pénible et compliqué de la part du graveur. Les frais qui en résultaient, rendaient très-dispendieux ce procédé de gravure.

C’est en 1856 que le problème de la gravure photographique reçut sa véritable solution. Le peu de succès pratique obtenu par la méthode de M. Niépce de Saint-Victor, avait jeté sur ce genre de recherches une défaveur marquée, lorsque la découverte de M. Alphonse Poitevin, relative à l’action de la lumière sur les chromates mélangés de substances gommeuses ou gélatineuses, vint prouver que les difficultés, regardées jusque-là comme insurmontables, pouvaient être levées. La gravure photographique entra, dès ce moment, dans une phase toute nouvelle.

C’est à partir de l’année 1856 que commence, on peut le dire, la troisième époque historique de la gravure photographique, car les essais primitifs de l’ancien Niépce, et les efforts tentés, en 1853, par son neveu, M. Niépce de Saint-Victor, peuvent constituer les deux premières de ces trois périodes historiques.

C’est, en effet, en 1856, comme nous l’avons dit dans un précédent chapitre, que M. Alphonse Poitevin fit connaître la propriété que possède le mélange de matières gommeuse, gélatineuse, albumineuse ou mucilagineuse, quand on les a mêlées avec du bichromate de potasse, et qu’on les expose à l’action de la lumière, de pouvoir prendre et retenir l’encre d’impression. Cette observation était fondamentale ; elle devint le signal d’une foule de recherches, qui donnèrent la solution du problème général de la gravure héliographique. M. Poitevin en fit, lui-même, le premier l’application, en créant la photo-lithographie, c’est-à-dire l’art de transporter sur pierre une épreuve photographique, et de tirer les épreuves avec l’encre lithographique, comme une lithographie ordinaire.

Sur une pierre convenablement grainée, on dépose un mélange d’albumine et de bichromate de potasse ; on place par-dessus, le cliché négatif d’une épreuve photographique sur verre, et on expose le tout à la lumière ; l’agent lumineux modifie les parties de la pierre qu’elle touche, de telle façon que l’encre n’adhère que sur les parties éclairées. Le