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Pour s’assurer que l’opération a bien réussi, que le contact est parfait et sans bulles d’air interposées, on regarde par l’extrémité arrondie de la baguette de verre, qui, faisant fonction de microscope, montre, agrandie et distincte, l’image fixée à sa base. Si des bulles d’air se montrent encore, c’est qu’on n’a pas assez appuyé le verre, ou qu’on ne l’a pas pressé assez également contre la base du stanhope ; on le place donc un instant près du fourneau, pour rendre au baume de Canada un peu de fluidité, et l’on recommence le collage avec plus de précaution.

Alors le stanhope et l’épreuve photographique ne font plus qu’un seul tout. Il ne reste, pour terminer ce travail, qu’à arrondir les points de jonction du stanhope et de l’épreuve. La meule de l’opticien peut suffire pour cet usage ; mais quand on a un grand nombre de verres à user, il faut se servir, au lieu d’une simple meule, du tour de l’opticien, qui est infiniment plus commode et plus efficace.

Il est peut-être nécessaire d’ajouter que M. Dagron a presque toujours le soin, quand il s’agit d’un bijou à enchâsser sur une bague, un porte-plume, de faire usage de deux microscopes Stanhope et de deux épreuves photographiques. On aurait pu, en effet, se tromper de côté, et alors n’apercevoir aucune image. En plaçant une photographie avec son microscope de chaque côté de la bague ou du porte-plume, on est certain, de quelque manière que l’on regarde, qu’on apercevra toujours une image.

Tels sont les procédés, bien intéressants, on le voit, qui ont permis à M. Dagron de créer les petites merveilles que chacun connaît, d’exécuter ces photographies qui se portent sur le chaton d’une bague, qui s’enchâssent dans un crayon ou un porte-plume. Rien de plus curieux que le petit musée que possède M. Dagron. Le mystère joue un certain rôle dans ces miniatures imperceptibles : il y a plus d’un secret, il y a plus d’un roman, dans ces portraits qui se cachent dans une broche ou sous le chaton d’une bague.

On a pensé qu’en temps de guerre, les généraux pourraient écrire de cette manière, leurs ordres et messages secrets. L’envoyé n’aurait aucune peine à cacher cette imperceptible dépêche, que le général qui la recevrait, pourrait lire, en connaissant la manière de s’y prendre.

Voilà une application de la photographie microscopique à laquelle la guerre a fait songer ; mais ne doutez point, cher lecteur, qu’il n’y en ait de plus utiles et de plus importantes pour le bien de l’humanité.


CHAPITRE XIX

applications de la photographie. — la gravure héliographique. — mm. donné, fizeau, niépce de saint-victor, baldus, nègre. — découvertes de m. alphonse poitevin. — la photo-lithographie et la photo-gravure. — procédés de mm. niépce de saint-victor, baldus, garnier, tessié du motay, drivet, asser et woodbury, pour la gravure des épreuves photographiques. — hurliman, ou le graveur à la jambe de bois.

Après avoir présenté l’histoire de la photographie et décrit ses procédés pratiques, il nous reste à signaler les applications principales qu’elle a reçues.

Au premier rang de ces applications se place la gravure.

La transformation en planches propres à la gravure, des épreuves photographiques, obtenues sur métal, comme le faisait Daguerre, ou formées sur verre et sur papier, comme on l’a fait après lui, est, au fond, le véritable objet de la photographie. Cet art n’aura atteint son véritable degré d’importance et d’utilité, que lorsqu’il aura fourni le moyen de préparer, avec une épreuve obtenue par l’action de la lumière, une planche propre à servir à de très-nombreux tirages sur pierre