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Le cliché est alors propre au tirage des épreuves positives sur papier. Nous ne dirons rien de cette dernière opération, c’est-à-dire du tirage des positifs, que nous avons décrite plus haut (pages 88-90) et qui est toujours la même, quelle que soit la méthode dont on fasse usage.

À côté de nombreux avantages, le procédé à l’albumine présente divers inconvénients. Il est presque impossible de s’en servir pour les portraits, à cause de la longue exposition à la chambre noire qu’il nécessite. Il faut, en outre, une demi-heure pour développer l’image après sa production. Aussi la découverte du collodion a-t-elle fait généralement abandonner l’usage du procédé à l’albumine. On ne s’en sert plus aujourd’hui que pour la reproduction de dessins, de tableaux, de paysages, en un mot de tous les objets sur lesquels la durée de pose n’a pas d’influence.

L’albumine offre des qualités précieuses pour ces applications particulières de la photographie. Elle donne des images d’une finesse merveilleuse et d’un ton excessivement agréable à l’œil. De plus, on peut l’employer indifféremment à l’état humide ou à l’état sec.

Procédé au papier ciré ou albuminé. — Ce procédé a pour but de remplacer la lame de verre des épreuves négatives, par du papier, et de se servir de ce cliché de papier pour le tirage des épreuves positives, La fragilité du verre est, en effet, un grand inconvénient, et il serait important de pouvoir composer des négatifs avec une autre substance que le verre, qu’un accident ou une distraction suffit à mettre en pièces.

Le papier que l’on prend pour en faire le cliché négatif, peut être enduit de cire, — et dans ce cas l’opération se fait à sec, — ou bien il peut être recouvert de matière organique, et le procédé s’exécute alors par voie humide ; nous décrirons l’un et l’autre.

Le papier ciré pour en faire un négatif, a été employé pour la première fois par M. Legray, l’habile praticien français auquel on doit la découverte du collodion. Le papier doit être pur, ni trop épais, ni trop mince. Trop épais, il est peu transparent, et exige trop de temps pour la venue des images positives ; trop mince, il n’est pas assez résistant. On doit préférer le papier collé à la gélatine à celui qui est collé à l’amidon, car sa texture est plus uniforme.

Le rôle de la cire se comprend d’ailleurs sans peine. Ce corps gras a l’avantage de séparer les sels d’argent de la substance du papier, de donner une couche d’un poli parfait, de communiquer au cliché négatif toute la transparence du verre, enfin d’assurer la conservation du papier.

L’application de la cire se fait en chauffant au bain-marie, de la cire vierge, et immergeant le papier dans la cire fondue. Mais la cire se trouvant toujours en excès, il faut procéder à un décirage partiel. Pour cela, on interpose chaque feuille cirée entre des feuilles de papier buvard, et l’on passe un fer chaud sur le tout. Le papier en se refroidissant, conserve une surface luisante. Il faut éviter, quand on le conserve, d’y produire des cassures, qui se traduiraient par des défauts sur l’épreuve.

Après cette préparation, on plonge le papier dans une dissolution aqueuse de bromure et d’iodure de potassium. Pour que ce liquide puisse mouiller la surface cirée, on ajoute au bain ordinaire d’iodure, du petit-lait clarifié et du sucre de lait, qui, par leur viscosité, permettent l’imbibition du papier par les liquides. On peut remplacer le petit-lait par de l’eau de riz, comme le faisait M. Legray.

Quand le papier a séjourné deux heures dans ce bain, on le laisse sécher à l’air. Les feuilles de papier ont alors un aspect différent de celui qu’elles avaient avant leur immersion dans le bain d’iodure. Pénétré par le liquide ioduré, le papier ciré est devenu spongieux, grenu ; il a perdu le luisant, la fermeté et la transparence qu’il avait primi-