Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/696

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La question de l’anesthésie locale semblait donc très-éloignée encore d’une solution satisfaisante, lorsque, dans les premiers mois de 1866, M. Labbé, chirurgien de la Salpêtrière, fit connaître en France un nouvel appareil à éthérisation, en usage en Angleterre et dont l’effet est aussi énergique que rapide.

On doit ce nouvel instrument à M. Richardson, médecin de Londres, qui en a publié la description au mois de février 1866.

Fig. 354. — Appareil de M. Richardson pour l’éthérisation locale.

L’appareil que nous représentons ici (fig. 354) se compose d’un flacon de verre plein d’éther sulfurique et muni de deux tubes, l’un en caoutchouc, l’autre en métal. Le tube en caoutchouc porte une boule E qui sert à chasser de l’air dans le flacon, par des pressions alternatives pratiquées avec la main ; cet air traverse une seconde boule D qui sert à emmagasiner l’air comprimé et à rendre son écoulement constant. Le tube métallique ABC plonge dans l’éther, et se termine en pointe effilée. À chaque pression de la main sur la boule élastique, l’air passe dans le flacon, comprime l’éther et le chasse dans le tube métallique, d’où il sort extrêmement divisé et pour ainsi dire pulvérisé. Ce mécanisme est analogue à celui des siphons à eau de Seltz. L’éther, ainsi réduit en particules prodigieusement divisées, est lancé contre la partie dont on veut détruire la sensibilité.

L’appareil que nous représentons ici, a été exécuté, en France, par M. Mathieu, constructeur d’instruments de chirurgie, qui a apporté quelques modifications à celui de M. Richardson.

Le temps nécessaire pour produire l’anesthésie locale avec cet appareil, varie de deux à quatre minutes. La distance de l’orifice du pulvérisateur à la peau doit être d’au moins 1 décimètre.

M. Sales-Girons a modifié l’appareil du docteur Richardson, en substituant à la boule de caoutchouc une pompe foulante, qui permet de produire une pression plus continue.

Le modèle que M. Demarquay a fait construire pour son usage, vaporise, ou plutôt pulvérise, environ 30 grammes d’éther par minute. La pompe à main est manœuvrée par un aide, pendant que le chirurgien dirige le jet d’éther sur la partie malade.

M. Lüer, constructeur d’instruments de chirurgie, a imaginé divers appareils pour la pulvérisation des liquides, qui s’appliquent parfaitement à la pulvérisation de l’éther, quand il s’agit de produire l’insensibilité locale. Ces divers appareils peuvent remplacer celui de M. Richardson, dont nous venons de donner la description.

Le plus puissant de ces injecteurs-pulvérisateurs est représenté figure 355. Une petite pompe placée dans le cylindre horizontal C, et manœuvrée, grâce à une manivelle, par la roue DE, pousse l’éther contenu dans ce cylindre, dans le petit tube de caoutchouc a, b. À l’intérieur du cylindre G, qui termine le tube de caoutchouc, est disposé un petit pulvérisateur, sorte de tranche métallique, qui divise le jet liquide poussé par la pompe, et le force à se répandre au dehors, en une sorte de pluie, ou poudre liquide.

Cet appareil que M. Lüer a construit surtout pour lancer dans l’intérieur de la gorge, de l’eau pulvérisée, ou des liquides médica-