Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/645

Cette page a été validée par deux contributeurs.
Fig. 340. — Expériences de Humphry Davy sur l’inspiration du gaz protoxyde d’azote à l’Institution pneumatique de Clifton. (Page 639.)


vèrent aussi les effets indiqués par le chimiste de Bristol ; mais quelques-unes ne ressentirent que des impressions douloureuses, d’autres n’éprouvèrent absolument rien.

Ces expériences furent répétées en même temps dans plusieurs autres villes de l’Angleterre ! Ure, Tennant et Underwood éprouvèrent les mêmes sensations que Davy.

En France, les mêmes essais furent moins heureux. Proust et Vauquelin, Orfila et Thenard, ne ressentirent que des impressions douloureuses, qui allèrent même jusqu’à menacer leur vie.

Une société de médecins et d’amateurs se forma à Toulouse pour répéter en grand les expériences de Davy. Les résultats très-divers qui furent obtenus mirent hors de doute la différence des effets physiologiques produits par ce gaz selon les dispositions individuelles.

Deux séances furent consacrées à ces essais. Dans la première, six personnes respirèrent le gaz, et douze dans la seconde. Voici le résumé des procès-verbaux tenus à cette occasion :

Première séance. — Le premier sujet a perdu connaissance dès la troisième inspiration : il a fallu le soutenir pendant cinq minutes ; il s’est levé ensuite très-fatigué et ne se rappelant avoir éprouvé autre chose qu’une défaillance subite et un battement dans les tempes.

Le second sujet a trouvé que le gaz possédait une saveur sucrée et en même temps styptique ; il a ressenti beaucoup de chaleur dans la poitrine ; ses veines se sont gonflées, son pouls s’est accéléré, les objets paraissaient tourner autour de lui.

Le troisième n’a senti la saveur sucrée qu’à la première inspiration ; il a ensuite éprouvé de la chaleur dans la poitrine et une vive sensation de plaisir ; après avoir abandonné la vessie, il a été pris d’un violent accès de rire.

Le quatrième a conservé l’impression de la saveur