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l’ancre qui est attachée à l’extrémité d’une corde de 50 mètres de long que nous avons déroulée.

« 4h 32m. Nous jetons du lest et nous nous élevons davantage. Les nuages s’écartent au-dessus de nous, et nous voyons dans le ciel une place d’un bleu d’azur clair, semblable à celui que l’on voit de la terre par un temps serein. Le polariscope n’indique de polarisation dans aucune direction, sur les nuages en contact avec nous ou plus éloignés. Le bleu du ciel est, au contraire, fortement polarisé.

Fig. 331. — M. Barral.

« Les oscillations du baromètre indiquent que nous cessons de monter, nous jetons du lest, ce qui détermine un nouveau mouvement ascendant. »

Heures. Baromètre. Thermomètre. Hauteur.
4h 45m 338mm,05 — 35° 6 512m

« Nos doigts sont roidis par le froid, mais nous n’éprouvons aucune douleur d’oreilles et la respiration n’est nullement gênée. Le ciel est de nouveau couvert de nuages, mais laisse encore apercevoir le soleil voilé et son image. Nous pensons qu’il y a intérêt à voir si le froid augmentera si nous parvenons à nous élever davantage. Nous jetons du lest, ce qui détermine une nouvelle ascension.

« 4h 50m. Le baromètre marque 315mm,02. L’extrémité de la colonne du thermomètre du baromètre est inférieure, de 2 degrés environ, à la dernière division tracée sur l’instrument. Cette division est 37 degrés ; la température était donc de 39 degrés environ ; la hauteur à laquelle nous sommes arrivés est de 7 039 mètres.

« Le baromètre oscille de 315mm,02 à 326mm,20 ; ainsi l’aérostat oscille de 7 039 mètres à 6 798. Il ne nous reste plus que 4 kilogrammes de lest, que nous jugeons prudent de conserver pour la descente. D’ailleurs il est inutile de chercher à monter davantage avec des instruments désormais usuels ; le mercure se congèle. Tout au plus pouvons-nous chercher à nous maintenir quelque temps à cette hauteur, mais, bien que l’appendice soit relevé pour éviter la sortie du gaz par son orifice, le ballon commence son mouvement descendant. Nous faisons nos prises d’air. Le tube de l’un de nos ballons se casse sous les efforts que nous faisons pour tourner le robinet, le second se remplit d’air sans accident. Mais le froid paralyse tous nos efforts ; les observations sont devenues impossibles ; nos doigts sont inhabiles à toute opération. Nous nous laissons descendre.

Heures. Baromètre. Température. Hauteur.
5h 2m 436mm,40 — 9° 4 502m

« Nous rencontrons encore les petites aiguilles de glace.

Heures. Baromètre. Température. Hauteur.
5h  7m 483mm,16 — 7° 3 688m
5  10 540      39 — 3° 2 796   
5  12 559       70 — 1° 2 452   
5  14 582      90    0 2 185   
Le thermomètre marque
+ 2°,50
Le thermomètre argenté
+ 1 ,91 

« 5h 16m. Le baromètre oscille de 598mm,05 à 618mm,0, parce que nous jetons notre lest, ce qui arrête notre descente ; la température est de 1°,8 ; la hauteur varie de 1 973 à 1 707 mètres.

« Les oscillations sont prolongées par les dernières portions de lest que nous jetons. Nous ne nous occupons plus que de modérer la descente, en sacrifiant tout ce que nous avons de disponible, hors les instruments, et nous mettons les thermomètres dans leurs étuis.

« 5h 30m. Nous touchons à terre au hameau de Deuse, commune de Saint-Denis-lez-Rebais, arrondissement de Coulommiers (Seine-et-Marne), à quelques pas de la demeure de M. Brulfert, maire de cette commune, située à 70 kilomètres de Paris. »

« Nous avons eu le bonheur de ne casser aucun instrument à la descente. Nous ne trouvons au village qu’une charrette pour nous transporter à la station la plus voisine du chemin de fer de Strasbourg, éloignée de 18 kilomètres. Le trajet fut pénible dans les chemins de traverse, par un ouragan violent et des pluies continuelles ; le cheval s’abattit. Deux des appareils que nous tenions le plus à rapporter intacts à Paris furent brisés ou mis hors de service : le ballon