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stat en forme de carène de navire. L’expérience vint le rassurer pleinement à cet égard ; elle prouva que l’emploi d’un aérostat allongé, le seul que l’on puisse espérer diriger convenablement, était aussi avantageux que possible. La même expérience établit de la façon la plus concluante, que le danger résultant de la réunion du feu et d’un gaz inflammable, pouvait être complètement écarté.

Quant au second point, c’est-à-dire celui de la direction, les résultats obtenus furent les suivants : Dans un air parfaitement calme, la vitesse de transport en tous sens était de 2 à 5 mètres par seconde ; cette vitesse était naturellement augmentée ou diminuée de toute la vitesse du vent, suivant qu’on marchait avec ou contre ce vent, absolument comme pour un bateau montant ou descendant le courant d’un fleuve. Dans tous les cas, l’appareil avait la faculté de dévier plus ou moins de la ligne du vent, et de former avec celle-ci un angle, qui dépendait de la vitesse de ce dernier.

Fig. 326. — Machine à vapeur de l’aérostat de M. Giffard.

La figure 326 représente les détails de la machine à vapeur qui servit à diriger cet aérostat. AB est la chaudière à foyer renversé, FG le tuyau de cheminée dans laquelle se dirige aussi la vapeur sortant du cylindre, de manière à former comme dans les locomotives, le tuyau soufflant qui active le tirage de la cheminée. H est la bâche renfermant la provision d’eau et de charbon ; E, l’axe coudé qui, mis en action par l’arbre de la machine à vapeur, fait agir l’hélice directrice.

Voici maintenant comment se passa l’expérience du 25 septembre 1852.

Fig. 327. — M. Henry Giffard.

M. Henry Giffard partit seul de l’Hippodrome, à 5 heures et quart. Le vent soufflait avec une assez grande violence. Il ne songea pas un seul instant à lutter directement contre le vent ; la force de la machine ne l’eût pas permis ; mais il opéra, avec succès, diverses manœuvres de déviation latérale et de mouvement circulaire.

L’action du gouvernail se faisait parfaitement sentir. À peine l’aéronaute avait-il tiré légèrement une des deux cordes (L) de ce gouvernail, qu’il voyait immédiatement l’horizon tournoyer autour de lui.