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en ballon captif, avec toutes les conditions de sécurité qu’elle exige. Toutes ces difficultés ont été parfaitement résolues.

Le ballon construit par M. Henry Giffard, est d’un volume énorme, afin qu’il puisse emporter une vingtaine de personnes à la fois. Il est presque aussi gros que le Géant ; son volume est de 5 000 mètres cubes, tandis que celui du Géant, comme nous l’avons dit, est de 6 000 mètres cubes.

Pour retenir attachée au sol une pareille masse, et pour combattre l’effet du vent s’exerçant sur elle, il faut un effort mécanique, que l’on peut calculer facilement. La surface du ballon qui donne prise au vent, est représentée par son grand cercle, qui est de 300 mètres carrés environ. Avec un vent ayant une vitesse de 10 mètres par seconde, la force qui s’exerce contre la surface du ballon, est, d’après cela, de 1 500 kilogrammes. Une telle puissance coucherait le ballon sur le sol, ou l’empêcherait de s’élever, s’il ne jouissait pas d’une force ascensionnelle considérable, et si l’on n’employait, quand il s’agit de le ramener à terre, non de simples cordes, comme le faisaient les aérostiers de la République, mais un véritable câble de vaisseau, pouvant s’enrouler et se dérouler sur un treuil, au moyen d’une machine à vapeur.

C’est donc une machine à vapeur, dont M. Henry Giffard fait usage pour ramener à terre son ballon captif. Cette machine fait tourner l’arbre d’un treuil, dont les dimensions sont d’un mètre de diamètre et de 6 mètres de longueur. La longueur du câble est de 330 mètres, et il pèse 900 kilogrammes, poids qui, pendant l’ascension, vient s’ajouter à celui du ballon, de ses agrès et des personnes embarquées.

Ce câble va en diminuant graduellement de calibre, depuis son point d’attache à la nacelle, jusqu’à son extrémité inférieure, fixée au treuil. Son diamètre est de 8 centimètres à la nacelle et de 4 centimètres seulement, à son extrémité fixée au treuil. Sa résistance à la rupture est, à son gros bout, de 50 000 kilogrammes, et à son petit bout, de 12 000 kilogrammes, ce qui représente dix fois plus de puissance que la force ascensionnelle du ballon. En effet, l’effort du ballon, par un grand vent, est de 3 000 kilogrammes quand il est parvenu en haut de sa course. On voit donc que le câble a une résistance décuple de la puissance qu’il doit combattre, ce qui assure toute sécurité aux personnes placées dans la nacelle.

La machine à vapeur qui fait marcher le treuil, est de la force de 50 chevaux. Elle se compose d’une chaudière, placée hors de l’enceinte, et de quatre cylindres à vapeur marchant à la pression de quatre atmosphères. Il suffit de donner accès à la vapeur dans ces cylindres, pour ramener à terre l’aérostat et sa cargaison.

Pour modérer la vitesse du déroulement, le treuil porte deux freins, composés d’un levier oblique venant presser, au besoin, l’arbre du treuil. Deux hommes sont affectés à la manœuvre de ces freins. Une coulisse de Stéphenson, avec son long levier, assez semblable à ceux qu’on voit sur les locomotives, sert à changer le sens du travail des pistons, pour faire tourner le treuil dans un sens ou dans un autre. Rien n’est curieux comme de voir M. Henry Giffard, la main sur le levier d’admission de la vapeur dans les cylindres, ou sur la coulisse de Stéphenson, faire partir la masse colossale de l’aérostat, l’arrêter dans sa course, la laisser reprendre son essor, ou la ramener vers la terre ; le tout par le jeu de quelques millimètres d’un robinet, ouvert ou fermé.

La figure 322 (page 585) montre l’ensemble des dispositions du ballon captif.

L’attache du câble à la nacelle est ce qu’il y a de plus remarquable et de plus neuf, dans ce système mécanique. Au milieu de l’enceinte, se trouve une cavité circulaire, de 3 mètres de hauteur et de 10 mètres de large, dans laquelle descend et se meut la nacelle. Le câble partant du treuil, vient aboutir à cette cavité, par un tunnel souterrain.