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s’est élevée dans les airs, elle laisse tomber des flammèches ; enfin quand elle descend dans la campagne, sur des matières inflammables, elle peut occasionner de grands désastres.

Les jeunes gens trouveront une occasion de plaisir et d’instruction, à confectionner de petits ballons, destinés à être gonflés par l’air chaud ou par le gaz hydrogène. Nous dirons donc un mot de leur construction, qui est très-simple. Il suffit de faire avec de moindres dimensions, le tracé géométrique que nous avons indiqué pour les grands ballons. On pourrait employer dans ce cas, le taffetas recouvert de vernis ; mais, pour un objet sans grande utilité, il vaut mieux agir autrement.

On prend des feuilles de papier à lettre ordinaire, que l’on réunit au moyen de colle de pâte. On les taille en fuseaux, par le procédé que nous avons fait connaître, et on les recouvre, sur chaque face, soit avec de l’huile grasse, rendue siccative par la litharge, soit avec un des nombreux vernis gras que l’on trouve chez les fabricants de couleurs.

Le papier ainsi recouvert, devient, au bout d’un certain temps, dur et cassant. On peut modifier la préparation du ballon de façon à éviter cet inconvénient. Pour cela, on réunit les feuilles de papier deux à deux, en interposant entre elles une couche du vernis, dont nous avons précédemment décrit la préparation. On obtient ainsi une enveloppe qui conserve une grande souplesse, et qui, de plus, est presque entièrement imperméable aux gaz.

On se dispense d’employer un filet, en réunissant les fuseaux entre eux, à l’aide de rubans de soie et de coton, qu’on laisse dépasser les fuseaux.

Pour gonfler un tel ballon, il suffit de diriger à l’intérieur, au moyen d’un tube, du gaz hydrogène produit à la façon ordinaire des laboratoires, dans un flacon de verre à deux tubulures.

Au début, il faut soutenir le ballon ; mais bientôt il tend lui-même à s’élever, en vertu de la poussée de l’air. On n’a plus alors qu’à le retenir à l’aide d’une corde, jusqu’à ce que le gonflement soit achevé.

Il nous reste à parler de ces petits ballons en caoutchouc qui servent de jouets aux enfants. Voici comment ils sont fabriqués.

On découpe dans une feuille de caoutchouc de 2 millimètres d’épaisseur, quatre portions de sphère, qui se prolongent, à une extrémité seulement, en une bande de 5 à 6 millimètres de large et 15 de long. On soude ces quatre segments ensemble, en appuyant les bords deux à deux au moyen d’un fer chaud, et l’on obtient ainsi une petite sphère creuse, terminée par un tube de 15 millimètres de long et de 7 millimètres de diamètre. On vulcanise alors cette sphère, en la plongeant dans un mélange de sulfure de carbone et de chlorure de soufre. Puis, on maintient le ballon gonflé avec de l’air, pendant tout le temps nécessaire à la teinture en rouge. Cette teinture s’obtient en dissolvant une dissolution d’orcanette dans le sulfure de carbone. Il ne reste plus qu’à recouvrir le ballon avec un vernis formé de gomme du Sénégal dissoute dans un mélange d’alcool, de vin blanc et de mélasse. Le petit ballon est alors prêt à être gonflé. On le remplit de gaz hydrogène, à l’aide d’une pompe de compression.

Le volume de ces ballons varie de 4 à 8 litres ; leur force ascensionnelle est très-faible, comme on le sait. Ainsi un de ces ballons dont le volume serait de 5 litres, pèse environ 5gr,448, dont 5 grammes pour l’enveloppe, 0gr,448 pour les 5 litres d’hydrogène qu’il renferme. Il déplace 5 litres d’air dont le poids est de 6gr,466, sous la pression 76 centimètres et à la température ordinaire. La force ascensionnelle est donc égale à 6gr,466 — 5gr,448 = 1gr,018.

Cette industrie a pris aujourd’hui une telle extension à Paris, qu’elle livre, chaque année, au commerce, 15 millions de petits ballons.