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Fig. 311. — Arban après sa chute dans l’Adriatique, avec son aérostat, est recueilli par deux pêcheurs italiens.

Arban, aéronaute français, avait plusieurs fois annoncé aux habitants de Trieste le spectacle d’une ascension ; mais, jusque-là, le mauvais temps l’avait empêché de mettre sa promesse à exécution. Cependant, le 8 septembre 1846, il se décida à accomplir le voyage.

Son aérostat fut transporté dans la cour de la caserne, et on le remplit de gaz hydrogène. Un ballon d’essai apprit que le vent soufflait du sud-ouest vers le nord-est, ce qui excluait toute crainte de le voir se diriger vers la mer.

Malheureusement on n’avait préparé qu’une quantité insuffisante de gaz hydrogène ; de sorte qu’au moment du départ, le ballon n’eut pas la force d’enlever la nacelle, avec l’aéronaute et les objets qu’il devait emporter. L’ascension avait été annoncée pour 4 heures ; il en était 6, et le ballon n’était pas parti. La foule s’impatientait ; elle faisait entendre des murmures et des plaintes.

Arban s’imagine alors que son honneur est compromis, et que le public l’accusera, s’il n’effectue pas son ascension, d’avoir voulu le tromper. Il prend aussitôt la résolution, téméraire, de partir sans la nacelle, en se tenant suspendu aux frêles cordages du filet du ballon. Sous un prétexte, il éloigne le commissaire de police autrichien, qui se serait opposé à son départ, dans de telles conditions. Il fait également retirer sa femme, qui devait partir avec lui, comme elle l’avait déjà fait, non sans courage, à Vienne et à Milan. Ensuite il détache la nacelle du ballon, lie ensemble les cordes qui la supportaient, se met à cheval sur ces cordes, et ordonne de lâcher le ballon.

Se retenant de la main gauche au filet, le courageux Arban salue de la main droite la