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surtout remarquer par son ardeur à ce périlleux exercice. Tout Paris admirait son adresse et son courage.

Dans une seule occasion une descente en parachute eut une issue funeste, mais on ne doit l’attribuer qu’à l’imprévoyance et à l’ignorance de l’opérateur : nous voulons parler de la mort de M. Cocking.

M. Cocking était un amateur anglais qui s’était mis en tête de créer un nouveau parachute. M. Green, qu’il avait accompagné dans quelques ascensions, eut le tort d’ajouter foi à sa prétendue découverte, et le tort, plus grand encore, de se prêter à l’expérience. Il était cependant bien facile de comprendre par avance que le projet de M. Cocking était tout simplement une folie. Voici, en effet, la disposition qu’il avait imaginée. Le parachute employé par les aéronautes, est un véritable parasol, dont la concavité regarde la terre ; en tombant, il pèse sur l’air atmosphérique, et s’appuie dès lors sur un support résistant. M. Cocking prenait le contre-pied de cette disposition ; il renversait le parasol dont la concavité regardait le ciel. C’était une disposition merveilleusement choisie pour précipiter la chute au lieu de la retarder.

Fig. 303. — Parachute renversé de Cocking.

L’événement ne le prouva que trop. Dans une ascension faite au Wauxhall de Londres, le 27 septembre 1836, M. Green s’était embarqué, tenant M. Cocking et son déplorable appareil suspendus, par une corde, à la nacelle de son ballon. Parvenu à une hauteur de 1 200 mètres, M. Green coupa la corde, et il dut considérer avec terreur la chute épouvantable du malheureux qu’il venait de lancer dans l’éternité.

En une minute et demie, l’aéronaute fut précipité à terre, d’où on le releva sans vie. Il alla se briser près de l’auberge de la Tête du Tigre à Lee, à quelques milles de Londres.

On raconte que M. Cocking était au moment de renoncer à son entreprise, lorsque quelques paroles indirectes de désapprobation, le déterminèrent à braver le danger qui l’attendait. Le directeur du Wauxhall, M. Gye, l’avait presque dissuadé de son entreprise, lorsqu’un des assistants s’écria :

« À quoi bon ces réflexions ! M. Cocking s’est tellement avancé auprès du public, qu’il vaudrait mieux, pour lui, mourir que de reculer ! »

Ce fut l’arrêt de mort du malheureux aéronaute, qui se décida aussitôt à partir. Et