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plus haut de l’espace, 8 et 9. Le voyant rond marquait les nombres pairs, et le voyant brisé les nombres impairs.

Tout cet appareil resta longtemps dressé sur la tour de l’église Saint-Roch, à Paris ; mais il ne fut soumis à aucune expérience. Le vigigraphe était surtout destiné à être placé sur les côtes, pour servir de signaux maritimes. L’appareil transporté à Rochefort, donna de bons résultats. C’est le même système qui, aujourd’hui, simplifié et modifié, constitue les sémaphores, placés à l’entrée de tous nos ports.

C’était aussi une espèce de vigigraphe qui avait été établi dans une série de postes allant de Paris à Rouen. Le gouvernement avait autorisé la création de cette véritable télégraphie privée, qui servit longtemps à transmettre à Rouen le cours de la Bourse de Paris. Le cours de la Bourse de Paris était affiché tous les jours à celle de Rouen. Cette télégraphie privée fonctionna jusqu’à la loi qui fut portée en 1837, pour interdire aux particuliers toute correspondance télégraphique.

On ne peut parler que pour mémoire, du télégraphe aérien de Bréguet et Bettancourt, dont l’expérience prouva toute l’insuffisance, et dont l’invention, du reste, était bien antérieure à l’époque dont nous parlons.

Bréguet et Bettancourt, dans les premières années de notre siècle, présentèrent au gouvernement et soumirent à différentes expériences, leur système télégraphique, qui différait de celui de Chappe et avait un certain côté d’originalité. Une verge métallique ressemblant au régulateur du télégraphe Chappe, pouvait tourner, de manière à occuper toutes les positions, à l’extrémité d’une longue perche, plantée verticalement. Les divers angles formés par l’aiguille mobile et la perche, servaient de signaux. Un cadran placé à l’extrémité inférieure de la perche, marquait l’angle décrit par la flèche. Quand on voulait faire un signal, on n’avait qu’à placer l’index du cadran sur la division correspondante à cet angle, en tirant la corde au moyen de manivelles qui étaient placées sur la circonférence d’une large poulie.

Fig. 18. — Télégraphe aérien de Bréguet et Bettancourt.

Ce système était évidemment d’une grande simplicité. Malheureusement, il était difficile d’évaluer exactement de loin, au moyen de la lunette d’approche, les angles ainsi formés ; Bréguet et Bettancourt, mécaniciens habiles, avaient imaginé des dispositions très-ingénieuses pour apprécier exactement cet angle. Une expérience faite à 1 kilomètre de distance, avec un de leurs appareils, par des commissaires nommés par le gouvernement, donna de bons résultats. Mais l’application d’un instrument de précision, tel que le micromètre à la télégraphie, ne pouvait être sérieusement tentée. Malgré l’approbation que reçut cet appareil de plusieurs sociétés savantes, il ne put jamais se faire adopter par le gouvernement.

Nous passerons sous silence d’autres systè-