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ces hélices, quand on viendra, par un moyen quelconque, avec la main par exemple, à élever en l’air la tige de fer CC, elle retombera dans le cylindre dès qu’on l’abandonnera à elle-même, attirée par l’action magnétique, comme par un ressort.

Fig. 239. — Électro-aimant creux.

C’était ainsi qu’étaient disposés les aimants artificiels dans la machine de M. Page, qui offrait, dès lors, à peu près la forme de nos machines à vapeur à cylindre ; seulement les cylindres n’avaient pas de couvercle, ils étaient ouverts à leurs deux extrémités. Comme dans nos machines à vapeur, cette sorte de tige de piston que représente le barreau de fer mis en mouvement de haut en bas et de bas en haut par l’action électro-magnétique, servait à faire tourner un arbre de couche, au moyen d’une manivelle. Enfin, comme dans nos machines à vapeur, ce cylindre pouvait être disposé verticalement ou horizontalement.

La machine qui servit aux expériences de M. Page était verticale ; elle se composait de deux aimants creux, contenant chacun un fil de cuivre d’une longueur de 1 500 mètres environ. Si l’on n’avait fait usage dans chaque cylindre que d’une seule hélice, c’est-à-dire d’un seul courant électro-magnétique, par suite du déplacement de la tige de fer et de son élévation partielle hors du cylindre, l’attraction magnétique n’aurait pas été entièrement utilisée. M. Page avait remédié à cet inconvénient par une disposition ingénieuse et qui constitue le mérite principal de sa machine. Chaque bobine se composait d’une suite d’hélices, courtes, indépendantes les unes des autres, et mises en action d’une manière successive, grâce à un commutateur ; dès lors, la tige de fer était tirée de haut en bas, avec un mouvement uniforme. Les deux tiges-piston étaient deux barres cylindriques de fer doux, longues de 3 pieds et de 6 pouces de diamètre ; leur course était de 2 pieds. À l’aide d’un levier et d’une bielle, elles venaient agir sur l’axe d’une roue, pour lui imprimer un mouvement de rotation : cette roue, ou volant, était du poids de 600 livres.

Malgré l’assertion du journal américain cité plus haut, il est établi que la machine de M. Page ne dépassait pas la force de la moitié d’un cheval-vapeur.

D’après M. Armengaud, qui a donné dans sa Publication industrielle[1] une courte et intéressante notice sur les moteurs électriques, la pile électrique, qui servit aux expériences de M. Page, était formée de 40 éléments de Grove ; chaque plaque avait 25 centimètres de côté.

C’est avec le secours du gouvernement américain que le professeur Page avait exécuté les expériences que nous venons de rapporter ; l’amirauté des États-Unis lui avait alloué, à cet effet, une somme de cent huit mille francs.

Depuis l’année 1850, époque à laquelle furent publiées ces expériences, on n’a plus entendu parler de la machine du professeur américain. Il est donc probable que les résultats qu’elle a fournis dans des essais ultérieurs, n’ont point répondu aux promesses de l’inventeur.

Comment expliquer les insuccès constants des divers moteurs électriques qui ont été construits, dans ces dernières années, en Europe et aux États-Unis ? Ils tenaient à deux circonstances qu’il importe de signaler.

On avait toujours admis qu’avec les moteurs électriques on pouvait conclure d’un

  1. T. VIII, p. 106.