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voltaïque d’une puissante intensité, de deux cents à trois cents éléments par exemple, et qu’on enroule un très-grand nombre de fois le fil conducteur XY enveloppé de soie, autour d’un barreau de fer ACB, recourbé en forme de fer à cheval (fig. 237), on aimantera ce barreau ACB, et l’on pourra, avec ce puissant aimant artificiel attirant son armature K, soulever des poids M, M, que l’on fait supporter par cette armature.

Fig. 237. — Électro-aimant en fer à cheval du cabinet de physique de la Sorbonne.

M. Pouillet a fait construire pour la Faculté des sciences de Paris, un électro-aimant capable de soulever un poids de 2 500 kilogrammes, et chaque année, dans le cours de physique de la Sorbonne, on voit cet électro-aimant supporter une plate-forme sur laquelle sept à huit élèves viennent s’asseoir.

Si l’on remarque maintenant, que cette puissance mécanique que l’on communique instantanément à un barreau de fer, en mettant simplement le fil conducteur d’une pile de Volta en communication avec ce barreau, peut lui être enlevée avec la même rapidité, en interrompant cette communication, on comprendra comment et par quels moyens, l’électricité peut être employée comme agent mécanique ; on comprendra qu’un électro-aimant artificiel, disposé comme nous venons de l’indiquer, puisse constituer à lui seul un appareil moteur. En établissant et détruisant très-rapidement la communication de cet électro-aimant avec la pile voltaïque, on peut provoquer, alternativement, et dans un temps très-court, l’élévation et la chute d’une masse de fer placée en regard de l’aimant artificiel. Si, à cette masse de fer mise de cette manière en mouvement continuel, on adapte une tige propre à communiquer le mouvement à un arbre moteur, on aura, en définitive, construit une véritable machine motrice, c’est-à-dire le moteur électrique dont nous avons à parler.

Nous venons d’exposer le principe général sur lequel repose la construction des moteurs électriques. Jetons maintenant un coup d’œil sur la série des tentatives qui ont été faites jusqu’à ce jour, pour transporter ce principe dans la pratique. Après avoir passé en revue les résultats de ces différents essais, nous pourrons plus facilement discuter la valeur de ce moteur, et chercher si l’on peut songer sérieusement à le faire entrer en lutte avec la vapeur, pour la production d’une force mécanique applicable à l’industrie.

C’est peut-être s’imposer un soin d’une importance médiocre, que de rechercher quel a pu être le premier créateur d’un moteur électrique. Il est évident, en effet, qu’après la grande découverte d’Œrsted, qui avait constaté, avant aucun autre physicien, le phénomène de l’attraction magnétique par les courants voltaïques ; après les essais de Sturgeon, qui donna, le premier, les moyens d’augmenter l’intensité de l’aimantation du fer, la pensée dut s’offrir à un grand nombre de physiciens, de consacrer ce mouvement d’attraction du fer à produire un travail mé-