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Nous représentons à part, (fig. 225) un châssis portant un certain nombre de couverts, et (fig. 226) l’anode d’argent, que l’on place en regard de l’objet à argenter.

Fig. 225. — Pôle négatif de la pile, dans le bain pour l’argenture.


Fig. 226. — Pôle positif de la pile, dans le bain pour l’argenture (anode d’argent).

On place dans une même cuve quatre ou cinq de ces groupes, formés de l’objet à argenter et de l’anode d’argent placé, l’un au pôle négatif, l’autre au pôle positif.

Nous n’avons pas besoin de dire que les objets à argenter ne sont introduits dans le bain, qu’après avoir été soumis à la série d’opérations préalables du décapage chimique ou mécanique, qui mettent leur surface en état de recevoir convenablement l’argenture. Nous avons décrit assez longuement les opérations du décapage, à propos de la dorure, pour n’avoir pas besoin d’y revenir ici.

Au milieu de l’opération, il est bon de retourner les objets de haut en bas, pour éviter un dépôt trop considérable sur les parties les plus profondément immergées. En effet, les parties du liquide les moins appauvries en sel d’argent, et par conséquent les plus denses, tombent au fond de la cuve ; et dans ce point, le dépôt d’argent doit avoir plus d’épaisseur. De là, la nécessité de changer de place, une fois au moins, les objets qui séjournent dans le bain. Ce changement de place a encore l’avantage d’éviter les stries, ou raies longitudinales, qui se produisent fréquemment sur les objets unis qu’on abandonne, dans le bain, à un repos trop prolongé. Ces raies sont dues à de petits courants liquides ; elles proviennent de la descente continuelle des couches du liquide plus denses, et de l’ascension des couches plus légères.

Tous les petits inconvénients que nous venons de signaler, ne se produiraient pas, évidemment, si l’on agitait le bain de manière à mêler constamment ses différentes parties. Dans les grands ateliers d’argenture, on a considéré comme indispensable de produire cette agitation continuelle du liquide composant le bain, et on l’a réalisée d’une façon mécanique assez curieuse. Quand nous visitâmes, au mois d’août 1867, l’usine électro-chimique de MM. Christofle, à Paris, nous ne fûmes pas peu surpris de voir, en passant devant les bains d’argenture, les châssis porteurs d’objets en train de s’argenter, se lever lentement et comme d’eux-mêmes au sein du liquide, sans que rien, en apparence, pût expliquer ce mouvement. Les couverts et les pièces d’argenterie semblaient vouloir sortir du bain, pour voir ce qui se passait dans l’atelier. Le mystère nous fut expliqué, quand on nous montra que le châssis qui supporte les objets à argenter, est suspendu à une corde flexible, et maintenu au-dessus du bain, au moyen d’un cadre de bois qui s’élève en l’air, à certains intervalles, lorsqu’un petit levier excentrique, fixé à la poulie d’un petit arbre moteur, vient soulever ce cadre, pour le laisser ensuite retomber dans le liquide, ce qui produit l’agitation reconnue nécessaire au mélange exact des différentes parties du liquide.

La figure 227 représente ce petit système.