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CHAPITRE X

méthode de consolidation de la dorure voltaïque, — l’amalgamation de l’or précipité par la pile. — le véritable inventeur de cette méthode. — une erreur du jury de l’exposition universelle de 1867.

Avant d’en finir avec la dorure électrochimique, nous croyons devoir consacrer un chapitre à une méthode particulière qui a été imaginée pour augmenter l’adhérence de la dorure voltaïque. Une circonstance particulière et récente, c’est-à-dire un grand prix décerné à ce sujet, par le jury de l’Exposition universelle de 1867, nous engage à traiter incidemment cette question.

L’adhérence de l’or précipité sur le cuivre par la pile, est presque toujours suffisante ; mais lorsque l’on tient à l’augmenter, on est fort embarrassé pour y parvenir. En accroissant l’épaisseur de la couche d’or, par la prolongation du séjour dans le bain, on n’ajouterait pas à l’adhérence, phénomène physique qui ne tient pas à l’épaisseur de la couche, mais bien à une affinité spéciale entre les deux métaux superposés.

Le moyen d’accroître cette adhérence a pourtant été trouvé.

Sur les dorures obtenues par la pile, on dépose, par les procédés électro-chimiques, c’est-à-dire par la décomposition du cyanure de mercure au moyen de la pile, une couche de mercure. Le mercure s’amalgame avec l’or et le blanchit. Pénétrant ensuite dans l’épaisseur du cuivre, cet amalgame adhère à ce métal avec une grande force et une grande homogénéité. Si l’on chauffe ces plaques recouvertes d’amalgame, on décompose l’amalgame, le mercure s’évapore, et l’or demeure, ayant contracté avec le cuivre une adhérence considérable, et aussi forte que celle qui résultait de l’ancien procédé de dorure par l’amalgame.

Cette méthode est donc une alliance de l’ancien procédé de dorure au mercure et des nouveaux procédés électro-chimiques, avec cet avantage, qu’il assure toute l’adhérence que donnait la dorure au mercure et qu’il est exempt des dangers de ce procédé, les vapeurs de mercure se dégageant dans l’intérieur du tuyau d’une cheminée, et ne pouvant, en aucune manière, être absorbées par les personnes qui travaillent dans l’atelier.

M. H. Dufresne, qui est, si nous ne nous trompons, artiste sculpteur et amateur de sciences, a décrit cette méthode le 2 avril 1867, dans un mémoire adressé à l’Académie des sciences. Au mois de juillet 1867, il a obtenu pour ce travail, l’un des grands prix décernés par le Conseil supérieur de l’Exposition universelle.

Or, ce système, que le jury de l’Exposition universelle de 1867 a solennellement couronné comme nouveau, a plus de dix-sept ans d’existence. Imaginé en 1851, par le duc de Leuchtemberg, il a servi à dorer du haut en bas la cathédrale du Sauveur, à Moscou.

Nous avons raconté, au commencement de cette notice, qu’en 1837, on dora, par l’amalgamation, la coupole extérieure de l’église Saint-Isaac, à Saint-Pétersbourg, et nous avons dit les tristes résultats qu’amena ce travail, pour les ouvriers qui furent chargés de l’exécuter. Environ dix ans après, c’est-à-dire en 1848, on voulut dorer l’intérieur de la même église. Mais alors, la dorure par les procédés électro-chimiques était connue. La dorure de l’intérieur de Saint-Isaac fut donc exécutée, dans l’Institut galvanique du duc de Leuchtemberg, au moyen des procédés nouveaux, c’est-à-dire par la pile agissant sur le cyanure d’or dissous dans le cyanure de potassium. 240 kilogrammes d’or appliqué sur des lames de cuivre, et présentant une valeur de près d’un million, couvrirent la coupole intérieure de l’église.

En 1851, on résolut de dorer la coupole extérieure de la cathédrale du Sauveur, à Moscou. Comme ici, la dorure devait rester exposée, au dehors, à toutes les influences atmosphériques, la dorure par l’intermédiaire du mercure paraissait seule devoir répondre