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des concentrés, par un frottement énergique, opéré sous un filet d’eau, à l’aide d’une brosse en peau de sanglier, et de pierre ponce réduite en poudre. Cette brosse est montée sur un tour qui fait six cents révolutions par minute. Les pièces qui sont trop grosses ou trop délicates pour être brossées au tour, sont brossées à la main, avec des brosses appropriées à leur forme.

Mais avant d’être soumises à ce décapage mécanique, les pièces de maillechort, de fer ou de zinc, sont dégraissées dans une dissolution de carbonate de soude ou de soude caustique. Quant aux pièces d’argent que l’on dore pour obtenir le vermeil voltaïque, le ponçage est précédé d’un léger décapage chimique, qui consiste à les chauffer au rouge, et à les plonger toutes chaudes dans de l’acide sulfurique faible, marquant 8 degrés. C’est un procédé qui nous vient des orfévres, et qui donne à l’argent un beau mat et une grande blancheur.

Ainsi décapées, soit par le procédé chimique, soit par le procédé mécanique, et prêtes à être dorées, les pièces métalliques sont portées au bain de dorure par la pile. Cette dorure s’effectue à froid ou à chaud.

La dorure à chaud donne un dépôt plus prompt et d’un ton plus riche. Elle a totalement remplacé la dorure à froid, qui fut longtemps la seule employée, et que l’on ne réserve aujourd’hui que pour les pièces de grandes dimensions, parce qu’il serait difficile de chauffer convenablement de très-grands bains.

La température la plus convenable pour la dorure galvanique à chaud, est 70 degrés. Il n’est pas, d’ailleurs, nécessaire de maintenir le bain sur un fourneau ; quand on a porté la liqueur à la température de 70 degrés, il est facile de maintenir cette température, en ajoutant à la liqueur chaude de nouvelles portions, tenues en réserve à cet effet.

La composition du bain pour la dorure voltaïque, est la même, que l’on opère à froid ou à chaud. C’est une dissolution de cyanure d’or dans un excès de cyanure de potassium, que l’on prépare de la manière suivante :

On fait dissoudre 50 grammes d’or dans l’eau régale, en plaçant l’or et les acides dans un matras de verre ; et l’on facilite la dissolution en chauffant le matras sur une lampe à esprit de vin, comme le représente la figure 208.

Fig. 208. — Dissolution de l’or dans l’eau régale.

Quand la dissolution de l’or est opérée, on verse la liqueur acide, contenant le chlorure d’or, dans une capsule de porcelaine, et on l’évapore jusqu’à consistance de sirop, pour chasser la plus grande partie des acides libres. On ajoute alors deux ou trois litres d’eau, pour dissoudre le chlorure d’or, puis une dissolution d’un kilogramme de cyanure de potassium dans l’eau, que l’on étend de manière à obtenir 50 litres de bain. Il est bon de n’employer cette liqueur qu’après l’avoir fait bouillir pendant plusieurs heures.

On place dans une cuve de bois doublée de gutta-percha, le bain dont nous venons de donner la composition, et l’on y plonge les pièces à dorer, en les attachant au pôle négatif d’une pile de Bunsen, composée d’un nombre de couples approprié à l’importance du bain.

Dans les ateliers bien organisés, les piles de Bunsen qui dégagent des vapeurs d’acide hypo-azotique, désagréables ou nuisibles à la santé, sont placées sous la hotte d’une cheminée pourvue d’un châssis à coulisse.