Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/341

Cette page a été validée par deux contributeurs.

aussi par les premiers succès de Jacobi, qui commençaient à faire dans le monde savant une certaine sensation, M. de la Rive reprit ses premières tentatives. Il fut plus heureux cette fois, bien qu’il ne pût résoudre encore qu’une partie du problème. Il parvint seulement à dorer l’argent, le cuivre et le laiton, ce qui était un progrès sensible.

Voici comment opérait M. de la Rive. La dissolution qu’il employait était le chlorure d’or neutre ; la source d’électricité, une pile simple. La figure 193 représente cet appareil, L’objet à dorer était placé, ainsi que la dissolution de chlorure d’or, dans un vase cylindrique B, formé d’un morceau de baudruche ; on plongeait le tout dans un autre vase A, rempli d’eau acidulée par l’acide sulfurique : une lame de zinc Z était placée dans ce dernier vase, et communiquait, au moyen d’un fil de cuivre a, avec le métal à dorer. Cet appareil différait peu de celui que nous avons décrit dans les premières pages de cette notice (figures 166 et 167, page 295) sous le nom d’Électrotype de Smée.

Cependant le moyen de dorure employé par M. de la Rive était imparfait. La première couche d’or était assez épaisse et assez adhérente, mais les autres couches devenaient pulvérulentes ; il fallait alors retirer la pièce, la frotter de manière à enlever la couche pulvérulente, puis la remettre dans la dissolution, et répéter ainsi l’opération un certain nombre de fois avant d’avoir une couche d’or suffisamment épaisse. En outre, on ne réussissait pas toujours à obtenir un ton de dorure convenable. Souvent le chlore, rendu libre par la décomposition du chlorure d’or, venait attaquer et noircir la pièce, malgré la couche d’or dont elle était revêtue. Enfin, une grande portion de l’or se déposait sur la vessie, ce qui amenait une perte notable de ce métal.

Fig. 193. — Appareil de M. de la Rive pour la dorure voltaïque, au moyen du chlorure d’or.

Les essais de M. de la Rive n’eurent donc pas de suites au point de vue industriel. Cependant les succès croissants de la galvanoplastie faisaient aisément comprendre qu’il ne serait pas impossible d’en tirer, en la perfectionnant, un parti avantageux. En effet, ce que Jacobi avait exécuté avec le cuivre, on pouvait espérer le reproduire avec l’or, métal d’une ductilité et d’une malléabilité bien supérieures à celles du cuivre. La non-réussite du procédé de M. de la Rive devait donc être attribuée à la nature des dissolvants employés par ce physicien, plutôt qu’à l’or lui-même, et le problème de la dorure galvanique était simplifié jusqu’au point de ne plus exiger que la recherche de dissolutions particulières de l’or, et l’application à ces liquides de ces piles à courant constant et régulier, qui donnaient, dans les expériences galvanoplastiques, de si favorables résultats.