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d’emprunter pour eux le secours de l’imprimerie, c’est-à-dire de la source la plus abondante de toute lumière morale.

Nous avons rapidement envisagé les applications diverses que l’on a faites jusqu’à ce jour de la galvanoplastie. Nous avons dû passer sous silence beaucoup de faits du même genre, parce que la pratique n’a pas encore permis d’en apprécier suffisamment la valeur. On aimerait à pouvoir fixer dès aujourd’hui l’avenir réservé à ces moyens nouveaux. Cependant il est impossible de prévoir encore le rôle qu’ils sont appelés à jouer dans l’industrie moderne, et de marquer définitivement leur place parmi les conquêtes récentes de la science et des arts.

Parmi les procédés et les perfectionnements de la galvanoplastie que nous voyons chaque jour se produire, il en est qui sont destinés peut-être à opérer une révolution dans la métallurgie ; il en est d’autres qui ne seront jamais que des jeux d’enfants. L’Exposition universelle de 1867 a montré avec éclat l’état florissant où se trouvent aujourd’hui, en France, en Angleterre et en Allemagne, les applications de la galvanoplastie. On a vu dans le cours de cette notice, quel nombre infini d’emplois variés la galvanoplastie peut recevoir dans différentes branches de l’industrie et des arts. Ses applications à la gravure et à la typographie sont d’un usage quotidien, et l’imprimerie à bon marché serait bien impuissante sans la galvanoplastie. D’un autre côté, les procédés électro-chimiques, appliqués à la reproduction d’objets d’argent, apportent à l’orfèvrerie des ressources de la plus haute importance. La galvanoplastie du cuivre lui rend déjà des services notables pour la reproduction d’un assez grand nombre de pièces usuelles ou d’ornement, où elle permet d’économiser le travail, si dispendieux, de la ciselure. L’électro chimie est ainsi devenue, dès aujourd’hui, un accessoire des plus sérieux de la fonte et de la ciselure des métaux, en attendant qu’elle devienne leur rivale.


CHAPITRE VI

applications des procédés galvaniques à la dorure et à l’argenture des métaux. — la dorure chez les anciens. — l’art de dorer au moyen âge. — la dorure au mercure. — premiers essais de dorure par la pile. — résultats obtenus par brugnatelli. — premiers essais de m. de la rive. — observation d’elsner. — m. de la rive dore le platine au moyen de la pile, — découverte de la dorure par immersion par elkington. — découverte de la dorure et de l’argenture galvaniques par henri et richard elkington.

De tout temps, on a appelé l’or et l’argent des métaux précieux. Ce qui leur a mérité ce titre, ce n’est pas seulement leur beauté et leur éclat, car l’acier a plus d’éclat que l’argent, et la couleur du cuivre neuf et reluisant, vaut bien celle de l’or. Ce qui rend précieux les métaux que l’antiquité et le moyen âge appelaient nobles, c’est leur inaltérabilité. Comme la noblesse morale ou la noblesse de race, rien ne peut les ternir ou les altérer. L’air humide, qui attaque si promptement les métaux vils, tels que le plomb, le fer ou l’étain, ne peut rien sur l’argent ni l’or ; et ce dernier métal résiste même aux émanations d’hydrogène sulfuré, ce grand ennemi des métaux. Aussi l’or est-il un métal, pour ainsi dire, éternel, autant qu’il est permis de prononcer ce mot pour des objets terrestres. Examinez dans les musées et les collections archéologiques, quels sont les bijoux, quelles sont les médailles, quelles sont les monnaies, qui se sont conservés vierges de toute altération, vous reconnaîtrez que ce sont des objets d’or. Les monnaies de cuivre et de bronze s’en sont allées en poussière ; les instruments de fer ne sont plus que de la rouille, et les médailles de plomb ne forment qu’une masse informe et grisâtre. Au milieu de cette ruine des métaux usuels, des colliers, des bracelets, des agrafes d’or,